Dans notre tanière : un message fort sur le sens de la famille
Le catalogue des dramas japonais de Netflix ne cesse de s’étoffer, grâce à sa collaboration avec la chaîne de télévision TBS. Elle permet à la chaîne de diversifier son contenu et de l’étendre au public international, et à la plateforme de streaming de proposer du contenu diversifié et de qualité. L’époque où il était impossible d’accéder facilement aux séries japonaises est définitivement révolue.
Si à l’origine, les dramas japonais ne visaient absolument pas le public international, TBS change la donne. C’est aussi un excellent moyen de faire découvrir la culture japonaise et de développer le tourisme dans certaines régions. Aujourd’hui, Journal du Japon vous présente Dans notre Tanière, un drama familial très touchant qui vous fera, peut-être, verser des litres de larmes (les dramas otaku auront la référence).

Une oeuvre originale portée par des acteurs de talent
Bienvenue dans le quotidien de Hiroto et Michito
Hiroto Komori, employé de mairie sans histoires, partage son quotidien avec son frère cadet Michito, atteint de trouble du spectre de l’autisme (TSA). C’est est un aîné dévoué qui donne le meilleur de lui-même pour offrir à Michito, alias Mikkun, un environnement sain et équilibré. Des rituels précis rythment leur vie, et le respect des horaires et des tâches est une condition nécessaire à leur bien-être mutuel. Hiroto veille constamment à ce que la routine de Mikkun ne soit pas perturbée.
Leur vie aurait pu continuer ainsi des années durant si un petit garçon, répondant au prénom de Lion, n’avait pas débarqué un beau jour dans leur jardin. Non sans une certaine appréhension, Hiroto décide de l’héberger le temps d’éclaircir le mystère qui semble planer autour de cet enfant, débarqué de nulle part. Le quotidien si millimétré des deux frères se retrouve profondément chamboulé par la présence de ce petit « roi de la savane ». Il va falloir redoubler de patience et d’ingéniosité pour que la cohabitation se déroule sans encombre.

Des célébrités montantes et des acteurs connus
L’histoire de Dans notre tanière, dont le titre original est Raion no Kakurega (le refuge de/du Lion), s’articule essentiellement autour des trois protagonistes principaux : Hiroto (Yûya Yagira), son petit frère Michito (Ryôta Bandô), et Lion (Ôzora Satô). Mais comme dans tout drama japonais qui se respecte, les personnages secondaires contribuent grandement à la progression de l’intrigue. Le casting compte quelques noms connus, comme Asuka Saitô qui joue le rôle de Mio Makimura, la collègue de Hiroto. Elle s’est notamment distinguée dans le rôle de Ai Hoshino dans le drama Oshi no Ko. On retrouve également Osamu Mukai, un acteur à la carrière longue comme le bras, que l’on ne présente plus.
De nombreux autres personnages entrent en scène tout au long des onze épisodes. Chacun a son rôle à jouer, mais nous vous laissons le loisir de les découvrir en visionnant le drama.
Une performance saluée par le public japonais
Au Japon, la performance des acteurs a été particulièrement saluée, notamment le jeu d’acteur de Ryôta Bandô, à la popularité montante. En effet, ce dernier n’est pas atteint de TSA dans la vraie vie. Pourtant, son interprétation du personnage de Michito est très convaincante : si l’on ne se documente pas sur le profil de l’acteur, on pourrait penser qu’il est lui-même autiste. Selon des articles et interviews locaux, des parents d’enfants souffrant de TSA ont apprécié la justesse avec laquelle il donnait vie à Michito.
Quant à Yûya Yagira, c’est la première fois qu’il a un premier rôle dans un drama de la chaîne TBS. Il a su dévoiler son potentiel en livrant un jeu touchant et attachant. Le personnage de Hiroto est complexe : dévoué envers son frère, cette implication le ronge parfois et l’amène à se questionner sur le sens de son « sacrifice ». L’acteur a su retranscrire les bonnes émotions au bon moment, insufflant à Hiroto une personnalité sympathique et très humaine.

Du haut de ses six ans, Ôzora Satô est un enfant acteur à la performance impressionnante. Son interprétation est juste et permet au spectateur de ressentir l’innocence et la curiosité d’un petit garçon. Lion paraît parfois un peu mature pour son âge. Malgré tout, l’équilibre entre cette perspicacité et son âme d’enfant est plutôt bien dosé.
Enfin, Osamu Mukai est, comme à son habitude, capable d’endosser tous types de rôles, même les plus complexes. Jouant régulièrement des protagonistes ambivalents, il a cette capacité à émouvoir le public, même quand son personnage possède une attitude très controversée.

Il est courant que les spectateurs européens considèrent que les Japonais surjouent. Cependant, il est important de rappeler qu’à l’origine, les dramas ne sont pas pensés pour un public international. La sensibilité des Japonais est différente de la nôtre. Ainsi, pour apprécier une oeuvre japonaise à sa juste valeur, il faut accepter de s’éloigner de nos habitudes et de s’ouvrir à un style différent. Par exemple, les Japonais sont très pudiques sur leurs émotions. Ils peuvent parfois réellement exagérer certaines réactions afin de sauver les apparences ou de se faire bien voir au regard de la société. Alors que dans les séries occidentales, on observe une plus grande franchise, des positions appuyées et assumées, et un rentre-dedans plus fréquent.
Des thématiques classiques abordées sous un angle nouveau
Dans notre Tanière est un drama qui vient surprendre le spectateur là où il ne s’y attend pas. À la lecture du synopsis et au visionnage du premier épisode, on peut s’imaginer mille scénarios. Après tout, un enfant de cinq ans qui débarque dans le quotidien bien rangé de deux frères, cela ouvre un champ des possibles plutôt large. Les premières images distillent de nombreuses informations amenant directement à la réflexion. Quelle est la véritable identité de Lion ? Quels rôles vont jouer les personnages présentés ?
Afin de ne pas trop en dévoiler sur l’intrigue et de permettre aux spectateurs de découvrir cette histoire touchante dans les meilleures conditions, attardons-nous plutôt sur les thématiques générales.
Une représentation de l’autisme non stéréotypée
Pour Yuka Matsumoto, la responsable de production du drama, il était primordial de ne pas aborder l’autisme de façon stéréotypée. Les avancées scientifiques sont nombreuses et il y assez de documentation pour proposer une interprétation authentique et respectueuse. L’idée était donc d’intégrer naturellement des personnages avec leur propre sensibilité, sans stigmatisation aucune. Dans notre Tanière aborde les différences liées aux handicaps comme une véritable force.
Ryôta Bandô, l’interprète de Michito, ainsi que d’autres personnes du staff, ont fréquenté un établissement accueillant des personnes atteintes de TSA, de la petite enfance à l’âge adulte. Ce sont de nombreuses réflexions, observations et discussions qui ont abouti au personnage de Michito. Ryôta Bandô a émis le souhait de ne pas imiter une seule personne. Selon lui, cela conduirait inévitablement à stéréotyper son spectre de l’autisme, et à éventuellement lui causer de l’inconfort.

Le terme TSA permet d’englober tous types d’autisme, car chaque personne réagit différemment, avec ses propres références et interactions. C’était ce que l’acteur voulait mettre en avant ; il a donc interprété son personnage avec sa propre vision, issue de toute sa période d’observation. Cela donne un Michito unique, entier, et surtout passionné par le dessin et la peinture, avec un don rare.
Le premier épisode présente Michito comme une personne créative, passionnée, mais aussi très attachée à ses rituels et sensible aux stimuli extérieurs. Les spectateurs suivent son évolution au contact des autres protagonistes, et plus particulièrement de Lion. Du haut de ses cinq ans, c’est lui qui aborde le plus innocemment le comportement atypique de Michito. C’est d’ailleurs finalement celui qui le comprend le mieux, grâce à son regard d’enfant dénué de préjugés.
Le sens de la famille, au-delà des liens du sang
La notion de famille est omniprésente dans cette histoire originale, qui n’est tirée d’aucun manga, roman ou autre support. Grâce aux liens que tissent les personnages entre eux, on comprend que le terme de « famille » va bien au-delà de la composition traditionnelle. En japonais, il existe notamment la notion de uchi, qui désigne le foyer, l’endroit où l’on se sent chez soi. Et ce n’est pas forcément avec sa famille biologique.
On intègre l’histoire par le biais de deux frères, que la vie a réunis suite au décès de leurs parents. Hiroto a fait le choix d’arrêter ses études pour bâtir son quotidien en fonction de son cadet. On sent en lui un besoin d’être utile, qui peut parfois se transformer en contrainte. Mais le rôle des membres d’une famille est très important au Japon. En tant qu’aîné, Hiroto est mu de responsabilités non négligeables. Au fur et à mesure de l’histoire, le spectateur en apprend davantage sur la relation entre les frères Komori. On découvre notamment le poids pesant sur les épaules de Hiroto, et le sentiment de culpabilité que ressent parfois Michito.
Au milieu de ce lien à la fois fort et fragile, Lion vient habilement se faufiler. Avec son énergie d’enfant, il apporte un vent de fraîcheur dans la vie des héros. Si, au début, sa présence peut sembler déroutante et problématique, elle deviendra rapidement indispensable aux yeux de Hiroto et Michito. Lion a évidemment des parents, qui vont se retrouver impliqués dans tout ce tumulte.

Hiroto et Michito ont un rituel : les lundis, mercredis et vendredis, ils dînent chez Tora, l’un de leurs voisins, qui tenait autrefois un restaurant. Blessé à la jambe, il a cessé son activité mais il accueille les deux frères avec enthousiasme et gentillesse, agissant comme un parent éloigné. Tora est heureux d’avoir un peu de compagnie, lui qui est maintenant veuf. Homme au grand cœur, il accueillera Lion avec la même bonté sans poser de questions, s’occupant de lui pendant la journée tandis que Hiroto et Michito travaillent. Même sans lien de sang, les quatre protagonistes forment une petite famille atypique mais chaleureuse.

Mio Makimura, collègue de Hiroto, travaille à la garderie où elle s’occupe des enfants des parents qui travaillent. C’est la première à remarquer ce qui cloche chez Lion. Soucieuse du bien-être des enfants, et sûrement un peu attirée par Hiroto, elle veille sur eux de loin au début. Elle jouera par la suite un rôle-clef au sein de cette famille atypique. D’une aide précieuse, à l’instar de Tora, elle est l’exemple-même qu’on peut créer sa propre famille de cœur. Yôta Sadamoto, l’autre collègue de Hiroto, est également un véritable pilier pour ce dernier tout au long du drama.

La série aborde d’autres aspects de la famille, plus sombres, au cœur de son intrigue, mais il nous est impossible de les évoquer sans dévoiler cette dernière. Nous laissons donc aux spectateurs la liberté de se faire leur propre opinion quant aux autres thématiques familiales.
La presse et son impact
Sans entrer dans les détails, deux journalistes vont s’intéresser de près à la famille Komori et le mystère qui plane autour d’elle. Les médias sont souvent dépeints de manière assez négative dans de nombreuses œuvres. On met souvent en scène des journalistes avides de scoops et n’ayant aucune considération pour les personnes touchées par leurs investigations.
Dans notre Tanière propose en revanche une double lecture du métier de journaliste. La série confronte justement ceux voulant à tout prix faire éclater les scandales en se moquant éperdument des dommages collatéraux, et ceux ayant une certaine éthique dans leur travail.
Dans ce drama précisément, l’implication de la presse dans l’intrigue principale a des conséquences non négligeables sur la vie privée et la sécurité de certains personnages. Certains journalistes comme Kudo, sont mus d’un sens de la justice profond et d’une volonté de bien faire. Malgré une apparente maladresse, leur contribution peut conduire à des résultats positifs, et une évolution des mentalités.

Une ambiance immersive et contemplative
De l’image à la musique, un aller direct vers le Japon
Les dramas japonais modernes se caractérisent par leurs prises de vues contemplatives et immersives. Après une introduction un peu mystérieuse, le spectateur plonge dès les premières minutes dans un Japon rural. Une attention particulière est accordée aux plans de la maison des frères Komori, aux jeux d’ombre et de lumière, mais aussi aux prises de vues aériennes parsemant les épisodes. Le cadrage est soigné, et on a envie de traverser notre écran pour aller visiter ce bout de Japon. Aucun détail n’est laissé au hasard : les lieux présentés, les phrases dites, auront un impact significatif à des moments charnière de la série.
L’une des véritables forces de l’ambiance immersive du drama est sans doute l’introduction. Très courte, une lumière douce et chaleureuse y éclaire différentes scènes de vie. Elles changent à chaque épisode, mettant en avant des instants fugaces du quotidien. La musique, composée par Sayaka Aoki, est également douce et apaisante et plonge directement le spectateur dans l’ambiance du drama. Tantôt entraînante et guillerette, tantôt mélancolique et émotionnelle, cette musique se fond habilement dans les moments du drama, sans s’imposer, sans prendre le dessus sur le reste.
Le côté visuel se transmet aussi à travers l’art de Michito, qui possède un don pour le dessin et la peinture. On le voit évoluer au sein de Planet Eleven, une agence de design gérée par Funaki-san. Ce dernier emploie exclusivement des personnes ayant un handicap pour leur permettre d’exploiter leur potentiel artistique. Les œuvres de Michito sont omniprésentes du début à la fin, et sont empreintes de symboliques fortes pour le personnage comme pour les autres protagonistes.


L’ending est une musique qui reste en tête, signée par VAUNDY, artiste particulièrement en vogue actuellement. Elle apporte une belle note de fin et est un fond sonore efficace pour les scènes qui concluent chaque épisode. Le clip de la chanson, intitulée Fûjin (le dieu du vent), met en scène l’actrice Asuka Saitô, alias Mio Makimura.
La mise en avant de la préfecture d’Ibaraki

Le tournage de Dans notre Tanière se déroule essentiellement dans la préfecture d’Ibaraki, à proximité de Tôkyô, ainsi que dans celle de Yamanashi (vers le Mont Fuji). Cependant, la ville présentée dans le premier épisode, Urao, est fictive. La plupart des scènes ont été filmées dans la ville de Kamisu. À l’issue des onze épisodes, les spectateurs n’auront qu’une envie : ajouter Kamisu à leur liste de destinations pour un voyage au Japon.
Si les dramas plus anciens avaient souvent Tôkyô ou Ôsaka en toile de fond, les plus contemporains mettent en avant des lieux du Japon variés et parfois peu connus du public international. Par exemple, Beyond Goodbye et First Love présentent respectivement Otaru et Sapporo, sur l’île de Hokkaidô.
C’est un excellent moyen de dynamiser le tourisme vers ces régions. En effet, les Japonais aiment se rendre sur les lieux de tournage de leurs œuvres favorites. De nombreux blogs recensent d’ailleurs les localisations de nombreux films, séries ou anime.
Ce phénomène porte un nom : le Content Tourism, autrement dit un tourisme essentiellement motivé par la découverte de lieux de tournages populaires. Du côté français, il s’observe plutôt du côté des anime et mangas comme Your Name par exemple. Mais le Content Tourism orienté drama pourrait bien se développer.
Dans notre Tanière, disponible sur Netflix, est un drama qui mêle plusieurs genres. Si le concept de la famille est très central, on aborde aussi d’autres thématiques comme l’autisme et les réflexions qui vont avec. Mais le véritable sujet de cette série émouvante est encore plus profond et sensible. Nous ne vous en disons pas plus au risque de vous gâcher la découverte. Journal du Japon espère que cet article vous aura donné la curiosité de partir à la rencontre de Hiroto, Michito et Lion.