Yokikan : à la rencontre d’un ryokan centenaire


Niché au cœur de la péninsule d’Izu dans la ville côtière d’Ito, le ryokan Yokikan fait rayonner l’hospitalité à la japonaise depuis plus d’un siècle. Lors d’un séjour à Ito, Journal du Japon a eu la chance d’échanger avec son propriétaire Akihisa Inaba, issu de la cinquième génération, qui nous a ouvert les portes de son établissement.
À travers cette conversation, il partage l’histoire du ryokan, les particularités de ses sources chaudes, les coutumes à respecter dans un onsen, mais aussi les défis de la transmission familiale et son attachement à accueillir des visiteurs venus du monde entier et notamment de France.


Retrouvez notre article tourisme sur la ville d’Ito pour connaître cette destination.

Journal du Japon : Quelle est l’histoire de votre ryokan? Depuis combien de temps proposez-vous des sources chaudes ici?

Akihisa Inaba : Cela fait plus de 100 ans que nous avons des sources chaudes. Mais ce bâtiment est le deuxième. Le premier ryokan se trouvait à presque un kilomètre d’ici. Aujourd’hui, il ne reste plus rien, juste un terrain où une école primaire a pris ses quartiers.
Voici donc notre deuxième bâtiment, âgé de plus de 90 ans et conçu uniquement dans un style japonais. Vers les années 1930, cet hôtel a été loué par le gouvernement japonais pour accueillir de jeunes soldats blessés. C’était un peu comme un hôpital. À l’époque, il y avait un bain extérieur, mais pas d’ascenseur ni de funiculaire.
Donc tout le personnel et les clients montaient à pied jusqu’au dernier étage, 70 marches ! Le funiculaire a été construit il y a plus de 50 ou 55 ans.

Le funiculaire privé de l'hôtel, afin d'éviter aux clients et au personnel les 70 marches ! ©Yokikan
Le funiculaire privé de l’hôtel, afin d’éviter aux clients et au personnel les 70 marches ! ©Yokikan

Pouvez-vous nous en dire plus sur le type de sources chaudes que vous avez ? Leur composition minérale, leurs bienfaits pour la santé ?

Nous en avons deux types : une source salée et une source alcaline. Les deux sont excellentes pour la peau et la santé. Mais surtout la source salée : elle forme une couche sur la peau et garde le corps bien chaud après le bain. C’est donc bénéfique pour les douleurs musculaires, certaines maladies ou la peau sèche.
Mais l’effet le plus recherché, c’est la relaxation. On dort très bien après.

©Yokikan
©Yokikan

Combien de temps recommandez-vous de rester dans l’onsen ?

Environ 10 minutes. Moins de 10 minutes, c’est mieux. Puis sortir, se rafraîchir, et recommencer 3 à 5 fois. Je ne recommande pas de rester plus de 10 minutes. Car avec un vrai onsen, le corps reste chaud longtemps. Trop longtemps, on peut se sentir mal.


Y a-t-il des règles ou coutumes spécifiques à connaître pour utiliser l’onsen ?

©Yokikan
©Yokikan

Des règles culturelles, oui. Il ne faut pas porter de maillot de bain. Avant d’entrer, il faut se rincer avec une ou deux louches d’eau du bain, ou prendre une douche. Et ne pas prendre de photos.
Pas de cris, pas de discussions fortes. C’est un lieu public, donc calme. On peut parler doucement, bien sûr. Mais l’idée, c’est de se détendre.
On peut s’allonger dans le bain, mais pas plus de 10 minutes. Et il est important de boire de l’eau avant et après.


Les enfants peuvent-ils y aller seuls ?

Oui, pas de problème, sauf pour les très jeunes enfants. Il faut vérifier car l’eau peut être trop chaude pour leur peau. Pas plus de 3 minutes pour les bébés. Mais en cas d’eczéma ou de petites blessures, c’est bénéfique.


Proposez-vous des bains privés ?

Espace partagé ©Yokikan
Espace partagé ©Yokikan

Oui, mais seulement dans certaines chambres. Pas dans les parties communes. Et pour les visiteurs à la journée, nous avons un bain privé disponible en semaine de 11h à 14h. Séance de 50 minutes, à réserver trois jours à l’avance.
C’est 1 100 yens par personne.


Et les tatouages sont-ils autorisés ?

Oui, ils sont autorisés. Pas de problème. Cependant, si c’est un très grand tatouage, il vaut mieux éviter qu’il choque. Au Japon, les tatouages sont parfois associés à la mafia. Mais aujourd’hui, beaucoup de jeunes et d’étrangers en ont. Donc ici, c’est permis. Mais certains ryokan ou bains publics les refusent encore.


Vous servez un repas traditionnel en chambre avec une majorité de poisson dans le menu, d’où viennent-ils ?

De la mer juste à côté, dans la baie. Nos clients découvrent donc des produits locaux. Pas tous les plats, mais en grande majorité.
Et si un client ne mange pas de poisson, on peut s’adapter. Malheureusement, ce n’est pas possible en revanche pendant les périodes très chargées comme le Nouvel An ou la Golden Week.

Vue sur le jardin intérieur de l'hôtel. ©Yokikan
Vue sur le jardin intérieur de l’hôtel. ©Yokikan

Combien de chambres avez-vous ?

Nous avons 19 chambres. Elles ont toutes des toilettes privées, mais pas forcément une salle de bain. Toutes sont en tatami, avec des futons. Certaines sont assez grandes pour accueillir jusqu’à 10 personnes. On peut aussi combiner deux ou trois chambres pour un groupe ou une famille.
En général, le dîner et le petit-déjeuner sont servis dans la chambre (jusqu’à 4 personnes). Pour les groupes de 5 ou plus, dans une salle à manger privée.

©Yokikan
©Yokikan


Quelles activités ou lieux recommandez-vous dans la région ?

Randonnée, pêche, plongée, balades, vélo. Trekking jusqu’à la ville, le Mont Omuro, le pont suspendu… Ce sont de très beaux endroits. Le matin, certains font du jogging jusqu’à la plage (10 à 15 minutes).
Ito est très populaire en été.
Et en février-mars, on a les premiers cerisiers : les Kawazu sakura, plus roses. Les sakura blancs classiques arrivent fin mars.
Beaucoup vont à Kawazu, mais dorment à Ito, car il existe peu d’hébergements là-bas. En automne les gens viennent pour les onsen.

Quels sont vos projets pour l’avenir de l’hôtel ?

 Vue sur la ville d'Ito depuis une chambre. ©Yokikan
Vue sur la ville d’Ito depuis une chambre. ©Yokikan

Eh bien, je ne sais pas encore. J’ai un fils et une fille, mais ils ont leurs propres projets. Ma fille travaille dans le conseil. Mon fils est étudiant en médecine. Je ne sais pas s’ils reprendront l’établissement.
Mais moi, je vais bien. J’ai 60 ans et je continue à accueillir avec plaisir les visiteurs étrangers. C’est ma manière de partager la culture japonaise.

Merci à Akihisa Inaba, directeur et propriétaire du ryokan Yokikan.


Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre Journal du Japon et le ryokan Yokikan.

Madeline Chollet

@mad_ctravel

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