[Interview] Les geek ont enfin leur guide pour le Japon

Car il est aussi une destination phare pour les geeks et autres fans de culture pop japonaise, le Japon regorge de lieu insolites à voir ou à faire dans ce domaine. Jusqu’à présent, il était difficile de trouver un guide spécialisé pour de type de voyageur et recommandant ces lieux autour des loisirs japonais et de la culture geek. Marie Carbonnier a donc frappé fort : elle a sorti LE guide pour les geeks, mais pas que…

Journal du Japon lui a posé quelques questions à l’occasion de la sortie de son guide.

Le guide du geek-trotteur au Japon, édition Glénat

Guide du Geek-trotteur

Guide du Geek-trotteur

Ultra complet, voici un guide qui propose, en plus des restaurants à thèmes, toutes les activités à faire ou à voir dans chaque quartier.Comme un guide classique l’auteure répertorie les lieux où dépenser ses yens (mangas, jeux vidéos, rétro-gaming ou encore anime), mais aussi les petites adresses insolites des salles d’arcades, des salles de jeux virtuelles, les musées complètement loufoques en passant par un circuit de Mario Kart dans la ville, tout est réunis pour contenter les plus grands fan de la culture pop japonaise.
On aime particulièrement les pèlerinages de films qui nous replongent dans les lieux de tournages, mais aussi les lieux fréquentés par nos personnages de mangas ou d’anime préférés. En effet, les mangakas n’ont rien inventé et reprennent le plus souvent des lieux de vie déjà existants, c’est ce que Marie liste et décrit dans son guide. Une grosse partie est consacrée à Tokyo, évidemment, mais le lecteur est aussi amené à découvrir et à voyager dans d’autres villes comme Kyoto ou encore Osaka.

Toute la lecture est accompagnées par des dessins, réalisés par Anne Chen, qui détourne le célèbre chien Hachi au fil des pages et qui fait briller sous son crayon les hauts lieux du Japon. La dessinatrice a recréer des cartes, des différents quartiers, permettant de repérer chaque bonne adresse, par rapport aux transports en communs.

En plus des dessins, des photos illustrent les lieux, afin de donner envie au lecteur de prendre un billet d’avion dans la minute qui suit ! Que vous soyez gamer, cinéphile ou otaku vous trouverez forcément ce guide utile pour votre voyage. Cependant, si n’êtes rien de tout ça ce guide vous fera tout de même découvrir des lieux complètements insolites, afin de comprendre cet aspect du Japon qu’il ne faut surtout pas occulter.

Pour en savoir plus sur la conception du guide et de son auteur, nous sommes allés à sa rencontre…

Journal du Japon : Pour commencer dites-nous, êtes-vous une geek Marie ?

Marie Carbonnier : Je me considère en effet comme une geekette ! Je me précipite au cinéma quand un nouveau film Marvel ou Star Wars sort, j’adore les séries tv, la littérature fantastique et la fantasy, les mangas et les comics. Je ne suis pas une grande gameuse, mais je suis fan du studio Quantic Dream et des RPG de la série Persona. Et quand je pars en vacances, je privilégie donc les destinations qui ont un attrait geek.

Quel est votre parcours professionnel ?

Ma toute première expérience a été d’être régisseuse sur un court-métrage. À l’époque, je voulais travailler dans le cinéma, mais je n’ai pas réussi le concours d’entrée de la Femis (NDLR : École nationale supérieure des métiers de l’image et du son). Après, j’ai été libraire à la Fnac, avant d’atterrir par hasard dans le monde de la presse écrite. J’avais postulé pour un poste d’iconographe, mais du fait de mon diplôme en littérature, on m’a proposé de faire un essai à la rédaction. J’ai appris le métier de journaliste sur le tas et en 17 ans, j’ai travaillé pour divers magazines, allant du cinéma à la presse people, en passant par la presse tv. Ces dernières années, j’ai travaillé pour Coyote mag et Geek le magazine.

Quelle a été votre toute première approche avec le Japon ?

Les animes qui passaient à la télévision dans les années 80 et 90, puis les mangas et, plus tard, le film Lost in translation de Sofia Coppola.




Tout ça a contribué à me faire rêver d’aller au Japon. Mon tout premier voyage, je me suis retrouvée dans le quartier de Shibuya à peine sortie de l’avion. Je me suis fait l’effet d’Alice passant de l’autre côté du miroir. C’était délicieusement étourdissant, une explosion d’images et de sons. J’étais pénétré par l’étrange sensation que ce pays m’avait toujours attendue et que j’y étais en quelque sorte chez moi. Je n’ai jamais ressenti ça avec un autre pays. Depuis ce premier voyage, ma passion pour le Japon n’a cessé de grandir.

Quand avez-vous effectué votre premier voyage au Japon ? Qu’est ce qui vous avez le plus étonné à ce moment là ?

J’ai fait mon premier voyage en 2007. Ce qui m’a le plus étonné est combien les Japonais sont respectueux. Ils font la queue pour accéder aux transports aux communs. Malgré la quasi absence de poubelles dans les rues, les sols sont propres, les gens ne jettent rien. C’est également un pays incroyablement sûr. Un jour, j’ai oublié un sac de shopping au beau milieu d’une allée marchande. Quand je m’en suis rendue compte, au bout de 30 minutes, je suis retournée dans l’allée, sans grand espoir, mais le sac n’avait pas bougé d’un millimètre.

Aujourd’hui, qu’est ce qui vous attire dans ce pays, dans sa culture ?

J’ai envie de dire tout ! Sa pop culture et ses trésors d’animation m’intéressent toujours autant, mais aussi sa culture traditionnelle, sa gastronomie, ses grandes villes et sa nature, ce mariage permanent entre modernité et tradition…

Parlez-vous le japonais ?

J’ai un niveau débutant qui me permet de prononcer et comprendre quelques phrases basiques et de déchiffrer quelques mots. J’aimerais beaucoup approfondir mes connaissances de cette langue que j’aime beaucoup.

Pouvez-vous présenter votre guide ?

C’est un guide qui s’adresse aux voyageurs fans de pop culture. Qu’ils soient passionnés de manga, d’animés, de jeux vidéo, de cinéma, de cosplay, de robotique ou de visites insolites, l’idée était de rassembler toutes les bonnes adresses par villes et par quartiers, et de proposer en complément des itinéraires sur des thématiques précises, comme Pokémon, Sailor Moon ou One Piece.

Le guide du geek-trotteur au Japon.

Le guide du geek-trotteur au Japon.

Une grosse partie du guide est consacré à Tokyo, mais je souhaitais vraiment parler de toutes les régions du Japon. Le livre est au format manga, à la fois pour le clin d’œil, mais aussi pour être facile à transporter.

Pourquoi avoir choisi ce sujet précisément ?

A la fois parce que ça me passionne et parce que les guides existants n’en parlaient pas assez à mon goût. J’ai beaucoup de guides chez moi. Malgré tout, avant chacun de mes voyages au Japon, j’étais toujours obligée de passer des heures sur internet pour trouver ce genre d’infos. Avec Glénat, on a fait le pari que ça pouvait intéresser d’autres fans. On voulait aussi apporter quelque chose de nouveau et différent. C’est pourquoi le guide contient également beaucoup de photos et d’illustrations.

Marie a fait une sélection des restaurants les plus insolites du Japon.

Marie a fait une sélection des restaurants les plus insolites du Japon.

 

Qui a réalisé les dessins ? Pouvez-vous présenter cette personne en quelques mots ?

Elle s’appelle Anne Chen. Elle a débuté sa carrière dans le domaine du jeu vidéo, avant de fonder sa propre société, Carnet d’étoiles, qui lui a permis de se mettre à son compte en tant qu’illustratrice. Elle travaille à la fois avec les professionnels et les particuliers, pour qui elle propose des faire-part (mariage, naissance…) et des portraits de famille dessinés. C’est une passionnée du Japon… et des chats !

Comment s’est passée votre collaboration ?

Très bien ! Je connaissais déjà le travail d’Anne et je savais qu’elle serait parfaite pour ce livre. Elle a d’autant plus de mérite que plusieurs dessins ont été de vrais challenges. Contrairement à de petites maisons d’édition qui publient certains contenus sans se soucier d’avoir les autorisations, Glénat tenait à tout faire dans les règles et n’a pu autoriser Anne à faire des répliques exactes de certains personnages de licences très connues. Il a donc parfois fallu ruser pour illustrer certains sujets. Le chien Hachi, la mascotte du livre, s’est retrouvé cosplayé à plusieurs reprises !

Les dessins de Anne, permettent d’illustrer le guide dans la tradition de la pop culture japonaise : les mangas !

On retrouve des lieux insolites qui ne sont pas forcément présents dans les guides classiques. Vous les avez tous testé ?

La majorité ! A mon grand regret, j’ai dû faire l’impasse sur certaines visites. Lors de mon dernier voyage, je devais notamment faire une randonnée sur Yakushima (NDLR : l’île qui aurait inspiré Hayao Miyazaki pour les décors de Princesse Mononoké, cf notre album photo Yakushima qui lui est consacré), mais j’étais enceinte et on m’a vivement conseillé d’y renoncer… J’espère pouvoir me rattraper lors d’un prochain voyage !

Yakushima

Pleine de magie, l’île de Yakushima et plus particulièrement sa forêt , a inspiré l’oeuvre Princesse Mononoké. Crédits : veronica111886

Comment avez-vous procédé à la sélection des sites ?

Exceptées les incontournables que sont Tokyo, Kyoto et Osaka, l’aspect geek était déterminant. Dans la majorité des cas, le lieu a un lien avec la pop culture. En ce qui concerne les mangas et les animes, j’ai essayé d’avoir une bonne balance entre des titres anciens et cultes, mais aussi des licences plus récentes et populaires. Je trouvais important de citer aussi des lieux d’exception qui, s’ils n’ont pas forcément un lien avec la pop culture, contribuent à nourrir notre imaginaire du Japon.

Dans ce guide, on retrouve aussi les incontournables à voir, comme ici le temple Osu Kannon.

Dans ce guide, on retrouve aussi les incontournables à voir, comme ici le temple Osu Kannon.

Vous prenez également les photos. Quelles sont les clefs pour une photo réussie au Japon ?

Le Japon est le pays où, personnellement, je fais de la photo le plus facilement. L’inspiration est à tous les coins de rue. Il n’y a pas réellement de clés pour y réussir ses photos si ce n’est de se laisser happer par ce qui vous entoure. Les règles de compositions, de cadrage, sont les mêmes qu’ailleurs, mais je conseillerai tout de même d’être attentif à la lumière. Je la trouve particulièrement belle au Japon. N’hésitez surtout pas à vous perdre et vous éloigner des sentiers touristiques aussi. Enfin, je conseillerais de ne pas hésiter à demander l’autorisation avant de prendre une photo de quelqu’un. Les Japonais sont si polis qu’ils ne plaindront pas que vous les photographiez. Mais une demande, même silencieuse, en montrant son appareil pour obtenir un acquiescement, peut être le premier pas vers une rencontre. C’est important de ne pas ramener que des photos, mais des échanges aussi.

Quelle est la ville parfaite pour le geek ? Quel est votre endroit favori au Japon ?

Tokyo demeure l’incontournable. Parce qu’on y trouve tout, quel que soit son péché mignon.

Je suis très attachée à Tokyo mais si je dois donner un lieu plus précis, lors de mon tout premier voyage, le sanctuaire Fushimi Inari, au sud de Kyoto, a été un grand coup de cœur. Avec sa succession de 10 000 Tori dans la forêt, c’est mon indispensable quand je vais à Kyoto. Il est malheureusement  victime de son succès. Il faut désormais voyager en dehors des périodes touristiques ou se lever très tôt le matin pour ne pas se retrouver au milieu d’une horde de visiteurs et profiter de la sérénité du lieu.

, Fushimi Inari à Kyoto

Très prisé des touristes, Fushimi Inari à Kyoto montre son véritable charme au lever ou au coucher du soleil, quand la foule n’est pas dense.

Enfin, si vous étiez un personnage de manga ou d’anime, qui seriez vous ?

Difficile à dire ! Je dirais un mélange de Totoro, de Takiko dans Bakuman et de Nikka dans Switch girl ! Ça concilie ma vénération pour le studio Ghibli et mon amour de la nature, mon côté auteur passionnée et bosseuse, et enfin mon inavouable mode on/off… mais chut !

 

En attendant d’avoir le guide dans vos mains, retrouvez vite notre pèlerinage de la série Hana Yori Dango à Tokyo, ainsi que le Ghibli tour !

Journal du Japon remercie Marie Carbonnier pour avoir accepté cette interview et les éditions Glénat pour leur aide

Madeline Chollet

@mad_ctravel

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