Manga : les 15 meilleures nouveautés de 2024

Si 2024 sera sans doute une année relativement stable pour le marché du manga français, des millions de volumes ont encore été vendus cette année, et des centaines de mangas ont été proposés chaque mois.

Alors qu’arrive décembre et une traditionnelle accalmie dans les sorties, c’est le bon moment pour revenir sur cette année de BD japonaises dans notre hexagone. Quels sont les nouveaux titres marquants de l’année écoulée ? Quels sont ceux qui sont passés sous votre radar, ou qu’il serait bon d’ajouter sur la liste de noël ?

Voici donc notre sélection des meilleures nouveautés manga de 2024. Le choix fut difficile, et il est évidemment subjectif, mais nous avons sélectionné 15 titres que nous vous présentons, comme d’habitude, à travers un résumé et, surtout, 3 raisons de les lire sans attendre.

Alors bonne lecture et, n’oubliez pas : donnez-nous vos favoris en commentaire, et défendez votre nouveauté préférée !

Versus – ONE, Kyoutarou Azuma & bose – Pika Édition

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Le résumé : L’armée des démons a envahi la planète et menace d’éradiquer l’espèce humaine. Pour les vaincre, une ultime offensive est menée : 47 héros spécialement entraînés sont envoyés à travers le monde pour abattre les 47 rois-démons et le seigneur à leur tête. Mais lorsque cette mission tourne au désastre, la guilde des mages décide d’utiliser le dernier recours de l’humanité : ils parviennent à ouvrir un portail interdimensionnel pour appeler un autre monde à l’aide  ! Seulement, rien ne se passe comme prévu… Les deux mondes fusionnent et ces humains d’un autre univers qui auraient dû être leurs sauveurs sont eux-mêmes sur le point d’être exterminés par leur propre ennemi naturel…

3 raisons de le lire :

Le nouveau shônen de ONE. Après le génial One-Punch Man et l’unique Mob-Psycho 100, ONE est de retour, au scénario comme dans OPM, pour une bataille homérique entre plusieurs univers. On retrouve cette envie de l’auteur de mettre en place les idées les plus folles et de ne pas se mettre de barrière, que ce soit dans la force de ses personnages où dans le mélange savoureux de références et d’univers (qui est aussi une raison de le lire d’ailleurs, voir ci-après). Avec plus d’une décennie d’expérience (il a débuté en 2012), on a la confirmation que ONE est un scénariste aux histoires jubilatoires qui a absorbé et digéré la pop-culture – et pas seulement japonaise – pour nous faire ainsi voyager dans, c’est le cas de le dire ici, ses univers. En bref, si vous avez aimé One-Punch Man ou Mob-Psycho 100, vous serez très probablement enthousiasmé par les débuts de VERSUS !

Le multivers ultime. Si VERSUS débute dans un monde de Fantasy où l’humanité est donc sur le déclin face à son ennemi naturel, le démon, il compose rapidement avec un second monde, humain lui aussi… mais lui aussi en péril. Dans cette autre réalité, l’humanité est en train de se faire décimer par les robots. Et non content de mixer robotique et fantasy, ONE ne s’arrête pas à 2 univers… mais plutôt 13 ! Les parasites, les titans, le fléau, les aliens, la nature, les néo-humains, la colère divine, la malédiction, les jeux, les hors-la-loi et enfin l’arbre géant s’ajoutent en plus des deux déjà cités. On trépigne d’aller explorer chacun de ces univers pour en découvrir les spécificités et les redoutables ennemis. On a hâte de voir ces différents catégories de monstres combattre face aux humains d’autres mondes ou même entre monstres… car face à l’extinction, c’est peut-être ça le meilleur plan possible.

Une exécution maîtrisée. ONE est accompagné au dessin par Kyotarou Azuma qui avait déjà fait ses classes sur The King of Fighters – A new Begging. Comme on a pu le constater avec One-Punch Man, les récits de ONE méritent une belle plume, et VERSUS ne déçoit absolument pas sur ce point. Chaque dimension a son univers graphique distinct qu’il s’agisse du monde lui-même, de ses monstres mais aussi du chara-design de l’humanité qui y habite. On se retrouve à savourer chaque nouvelle rencontre comme lorsque l’on découvrait l’impressionnante galerie de héros de OPM et tous les ennemis farfelus (ou super classe, ça dépend) issus du cerveau prolifique de ONE et mis en image par un mangaka talentueux. Dans VERSUS la composition des planches, confié à un inconnu du nom de bose, s’avère plutôt efficace même si assez classique, surtout si l’on compare au talent de Yusuke Murata (mais la barre est tellement haute…) Néanmoins le titre fait déjà très bien le job sur le plan visuel et les personnages s’avèrent assez séduisants, grâce à des expressions, des poses et des combats qui font mouche. Hallow, le 11e héros du premier monde a tout d’un épéiste banal mais il a toute la hargne nécessaire du personnage nekketsu pour devenir un vrai héros charismatique : son combat désespéré contre l’un des 47 roi-démons, très bien mis en scène, lisible et dynamique, lui fera frôler la mort, mais il n’en reviendra que plus fort… du pur shônen !

Les choses à savoir : le second tome nous arrivera le 4 décembre et seulement 4 itérations existent pour le moment au Japon, aussi faudra-t-il être patient avec deux tomes par an. Le titre nous vient en effet d’un mensuel (le Shônen Sirius de la Kodansha, le magazine de Moi quand je me réincarne en Slime), mais il faut bien ça pour obtenir un produit bien fini. Toutes les informations vous attendent sur le site des éditions Pika.

Comme une famille – Kai Asô – Shiba édition

Comme une famille

Le résumé : Du jour au lendemain, Kinaho voit entrer dans sa vie routinière, Haruhi et Tôma,les neveux d’Akito, son petit ami. Suite à un tragique accident de voiture, les deux jeunes garçons se retrouvent orphelins et sous la tutelle d’Akito. Ensemble, Kinaho et Akito vont découvrir les joies et difficultés d’une vie de famille.

3 raisons de le lire :

Une douceur infinie dans un monde de brute. La mort frappe sans prévenir, c’est un fait. Nous ne pouvons qu’y réagir et nous nous sentons bien souvent impuissant. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire ou se trouver des excuses pour regarder ailleurs. C’est pourtant ce que fait la famille proche de Haruhi et Tôma, en se trouvant des raisons pour ne pas s’occuper des deux orphelins, qui viennent de tout perdre : leurs parents, un toit et une famille. À l’enterrement, les adultes parlent même devant eux de placement en famille d’accueil et du risque de les séparer, alors qu’ils sont justement, l’un pour l’autre, les dernières choses qu’ils leur restent. Quand Akito, aussi meurtri par ce décès que écœuré par ce comportement, décide de réagir on le remercie infiniment de leur porter secours, d’essayer de les envelopper d’un peu de douceur dans ce monde de brutes. Cette douceur va continuer de se diffuser lorsque la vie de famille va petit à petit s’établir, malgré les moments difficiles et les pensées noires issues du traumatisme.

Tata Kinaho, best Tata ever. Suite à la tragédie notre romancière, qui passait sa vie chez elle dans un certain confort et une certaine sécurité, doit accueillir cet enfant et cet adolescent dans son espace. Akito n’avait, d’ailleurs, pas encore envisagé qu’Akito emménage chez elle, car ce n’est pas vraiment une femme qui aime être bousculée, mais plutôt du genre à avoir besoin de sa solitude, de sa tranquillité. Kinaho n’est pas très fan des gens et de la nature humaine. La violence ou la méchanceté de l’être humain et de la société en général sont assez insupportables pour Kinaho, et elle rentrera dans le lard d’autres mamans dès le premier opus, sans pour autant leur en tenir rigueur ou rancune : elle dit ce qui est bien, elle dit ce qui est mal, et peu importe les conventions sociales ou les conséquences… Mais chacune de ses interventions la secoue tout de même, lui vide un peu sa barre de vie et ses batteries. C’est pour cela qu’elle est d’autant plus admirable d’accueillir chez elle Haruhi et Tôma... Parce c’est ce qui est juste, parce qu’il est impossible de ne pas aider ces jeunes gens qui n’ont rien fait de mal. Le fil du destin les a donc réunit mais Kinaho va réussir à poser les bases d’une vie de famille… et celà, grâce à ses mots. Elle prévient d’ailleurs que tout ceci est brusque et qu’il y aura des incompréhensions, des heurts, forcément. Mais elle la fait avec maturité et douceur, sans bienveillance mièvre pour autant. Elle est juste… géniale.

Un choix des mots juste comme il faut. La justesse des mots, dans les monologues et introspections de cette famille qui essaie pour le moment de trouver ses marques, nous la devons aussi à la traductrice Marina Bonzi, qui a une petite vingtaine de manga à son actif chez des éditeurs comme Meian, Tsubomi Éditions, Black Box… et que l’on découvre réellement ici. Elle donne à Kinaho les mots qu’il faut, les mots qui enveloppent, qui rassurent… ou les mots qui claquent et qu’on aurait adoré avoir lorsqu’il s’agit d’insister sur ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas. Et on se sent déjà, avec ces personnages que l’on connait à peine, Comme une famille !

Les choses à savoir : Quatre tomes de ce josei / tranche de vie ont été publiés en France pour le moment par Shiba édition, et 7 au Japon. Comme une famille (No, youna en VO) a débuté en 2018 dans l’archipel et sort à un rythme assez tranquille (un tome par an), dans le magazine Rabako des éditions Hôbunsha qui contient d’ailleurs un autre titre, Lost, prévu en 2025 toujours chez Shiba Édtion avec, à nouveau, Marina Bonzi à la traduction !

Gokurakugai– Yuto Sano – Pika Edition

Gokurakugai

Le résumé : Animé, coloré, saturé d’odeurs de plats savoureux, Gokurakugai a tout du quartier populaire par excellence ! Du moins… en apparence. Car les différentes populations qui s’y croisent et la nature de leurs activités en font davantage une zone de non-droit. Et quand le ciel s’assombrit, que les lumières des rues déclinent, Gokurakugai dévoile un côté obscur et hostile envers ses habitants. Face au danger, seul le “bureau des résolutions”, tenu par Tao & Alma, peut vous prêter secours ! Cette fois, leur mission consiste à aider un jeune garçon à retrouver son ami disparu. Tout porte à croire que cette affaire est liée à la multiplication de cadavres d’animaux sauvagement massacrés dans le quartier…

3 raisons de le lire :

Parce que les personnages sont assez badass. Alors certes le mot commence sérieusement a être galvaudé à force d’être utilisé à tort et à travers maiiiis, parfois, ça reste tout à fait vrai. Shônen oblige, le héros, Alma, est un jeune homme foufou et plein d’énergie, affublé d’un secret un peu compliqué à gérer et d’une puissance cachée et phénoménale… Personne ne s’approchait trop de lui à la base. Donc le héros n’est pas à proprement parler badass. Mais dans ceux qui vont l’entourer, en tête de file, il y « mamzelle Tao« , comme l’appelle Alma. Avec ses lunettes teintées, sa looooongue natte tressée, son gun, son attitude posée, un chouya sombre, et enfin son look de boss d’un furyo manga… autant vous dire que notre cœur de lecteur a tout de suite été happé : Mamzelle Tao, elle a trop la classe ! L’instructeur Ryû, un alcoolique au look taoiste et toujours de mauvais poil a lui aussi un look et un charisme d’enfer et va mettre des copieuses mandales au jeune Alma (et on adore ça, en vrai).

Parce que les méchants ils sont pas mal du tout, eux aussi. On pourrait même dire que presque tous les personnages du titre, qu’ils correspondent ou pas à un cliché du personnage shônen, sont à chaque fois une réussite grâce à leur design, leur narration, la façon dont ils sont mis en scène. Et parfois on croise même des personnages inhabituels comme le tordant et treès attachant Yoki, un homme loup lumineux qui adore faire des câlins et se ruiner pour le bonheur des autres. Mais je digresse complètement, je devais vous parler des méchants !

Un bon shônen ne peut pas se passer de bons antagonistes et, sur les 3 volumes qu’il nous a été donné de lire en France, nous avons eu un premier panorama des « méchants » de l’histoire. Ils sont huit, sept avec un grand chef pour être exact, et Yuto Sano, la mangaka derrière Gokurakugai, a l’intelligence de ne pas en faire des personnages manichéens. Ce sont plutôt des gens que l’on pourrait finir par apprécier, qui ont basculé du côté obscur… mais qui donnent parfois l’impression de revenir du côté clair, quand leur folie et leurs grosses fêlures semblent être soignables. Des monstres, à n’en pas douter, sanguinaires, les planches le prouvent, mais qui gardent toujours une connexion avec une part d’humanité.

Nous pourrions aussi vous parler de la ville, mélange de Tokyo et Hong-Kong, qui est un personnage des plus intéressants avec ses multiples décors et ambiances, mais nous allons encore digresser…

Parce que ça bastonne sec, et que ça bastonne bien. 3e et dernière raison : Gokurakugai est aussi un manga très récréactif, avec des bastons et des monstres qui se situent quelque part entre Bleach, Blue Exorcist et un petit peu D. Gray-Man aussi, mais en moins onirique et harrypoterresque que ces deux derniers. Poings, pieds, sabres et autres lames tranchantes font le gros du travail : les adversaires s’affrontent avec des coups qui portent et qui frappent fort, entre un Tekken et un Soul Calibur pour aller du côté des références vidéoludiques. Tout ceci est animé avec dynamisme et beaucoup de vigueur via un savant découpage des cases et une parfaite utilisation des lignes de forces, des impacts et des effets de vitesse. On a hâte de voir ça en anime, et on espère avoir droit à un bon studio à la manœuvre. En attendant une annonce, on savoure.

Les choses à savoir : Gokurakugai, alias Rue du Paradis si on devait traduire le titre, nous vient des catalogues de la grande Shueisha, dans le mensuel Jump SQ pour être plus précis, le magazine de Black Torch, Blue Exorcist, D. Gray Man, Kemono Incidents, The Buggle Call… une machine à hit donc (notre genre de hit en tout cas, à la rédaction). Plus qu’à voir si le titre, depuis ses débuts au Japon en 2022 fait des étincelles dans le classement Oricon : on vous en reparle sur la fin d’année, stay tuned !.

Superbeasts– Nykken d’après une œuvre originale de Toy(e) – VEGA

Super Beasts

Le résumé : Un jour, en plein Tokyo, un étrange brouillard s’épaissit fortement et sans raison apparente. Soudain, une énorme bête à cinq têtes jaillit du brouillard et détruit tout sur son passage. En fait, de nombreux monstres ont commencé à apparaître un peu partout dans le Japon, sortes d’animaux géants mais semblant génétiquement modifiés. Pour ne pas se laisser dominer par ces créatures, une organisation militaire fait rapport de leurs apparitions, et les combat pour protéger l’espèce humaine… s’il est encore temps.

3 raisons de le lire :

Pour les fans de kaijû ! On retrouve les ingrédients caractéristiques d’un bon film de monstres géants. L’île de Kibitsujima est ainsi transformée en arène où se livre une guerre entre l’humanité réorganisée autour de la « Mairie » et les Chymer (créatures hybrides et menaces à éradiquer). On apprécie aussi le mystère autour de la brume qui recouvre l’île et l’apparition des kaijû.

De l’action mêlant réflexion et psychologie : La variété de monstres géants, du plus terrifiant au plus drôle, ainsi que les « sorcières », humains modifiés qui combattent l’ennemi, permettent d’aborder un thème récurrent du kaijû-eiga, à savoir la part de bestialité de l’humanité mais aussi l’impact de son activité sur la planète et ses ressources. L’histoire est racontée non pas par un super-héros badass mais un « simple » psychologue qui vient d’arriver sur l’île et qui a la lourde responsabilité de garder le contrôle sur les êtres hybrides aussi terrifiants qu’attachants ! La psychologie n’est pas forcément très courante dans les shônen mangas et c’est donc assez rafraîchissant.

Pour les magnifiques artbooks ! Chose peu banale : le manga est une adaptation d’un artbook de Toy(e). Les Art Files sont indépendants même si l’on conseille aussi de lire le manga. L’artbook s’avère être un bel objet en format paysage 26 x 18 cm. Sous la forme d’un rapport militaire top secret, ce sont pas moins de 160 pages qui permettent au lecteur d’explorer davantage l’île et ses habitants géants. Les illustrations des kaijû en pleine page sont sublimes et le texte qui les accompagne ne manque pas d’humour.

Les choses à savoir : La série, commencée en 2022 au Japon, est toujours en cours et compte actuellement 4 tomes. Arrivée en juillet 2024 en France grâce à VEGA, on a presque rattrapé la publication avec actuellement 3 tomes de publiés. Du côté des artbooks, au Japon, 4 sont actuellement sortis contre 2 en France.

Double dose de kaijû avec le manga et l’artbook Superbeasts ©Toy(e) / Nykken / VEGA

#DRCL Midnight Children – Shin’ichi Sakamoto – Ki-oon

#DRCL

Le résumé : À la fin du xixe siècle, un vaisseau russe embarque d’étranges caisses remplies d’une terre à l’odeur pestilentielle. La traversée des océans est un calvaire pour l’équipage : disparitions et morts suspectes s’enchaînent. Certains parlent d’un fantôme… Quand le bateau parvient enfin à destination en Angleterre, il a tout d’une épave flottante. Alors que la police portuaire se lance à la recherche de survivants, elle tombe sur une énorme créature mi-homme mi-loup, qui disparaît comme par magie… Quelques instants plus tard, dans le cimetière de la ville, quatre élèves du prestigieux établissement Whitby assistent à une scène terrifiante : un de leurs camarades est capturé par une bête ténébreuse ! Seule Mina Murray, l’unique fille de l’établissement, a le courage de voler à son secours, mais il est déjà trop tard…

3 raisons de le lire :

Parce que Shin’ichi Sakamoto. Faut-il réellement une autre raison pour découvrir #DRCL Midnight Children ? Véritable maître du dessin et du scénario, Shin’ichi Sakamoto réussi toujours à nous plonger au coeur de ses histoires. Chaque planche pourrait être une œuvre d’art à part entière, avec des jeux d’ombres et de lumière qui intensifient l’atmosphère mystérieuse et oppressante du récit.

Pour les fans de vampires ! Fans de vampires et d’ésotérisme, ce manga ne peut qu’être fait pour vous. Si vous avez dévoré le roman de Bram Stoker, Dracula, #DRCL Midnight Children en est une réinterprétation très personnelle qui devrait grandement vous plaire. Que ce soit à travers le mythe de Dracula, les méthodes pour le vaincre ou même les croyances de l’époque, tout est fait pour que l’on se croit plongés dans le manga du maître.

Une atmosphère gothique oui, mais pas uniquement. Nous sommes, certes, plongés à la fin du XIXe siècle, mais ça n’empêche en rien le mangaka de nous proposer une ambiance horrifique/romantique, tout en intégrant des références très actuelles. Michael Jackson n’est peut-être pas mort, au final. Par ailleurs, au-delà des dessins incroyables proposés par le mangaka, #DRCL Midnight Children ne manque pas de plonger dans la psyché des différents personnages et d’aborder des sujets pour le moins actuels.

Les choses à savoir : Édité en France par Ki-oon et traduit par Sylvain Chollet (qui traduit également Dan Da Dan, Hirayasumi ou Dai Dark), #DRCL Midnight Children ne compte chez nous que trois tomes, le quatrième étant prévu pour le 06 février prochain. Aucune adaptation animée n’a pas été annoncée. Néanmoins, le mangaka partage régulièrement sur Instagram des planches de ses différents travaux. Mais c’est à vos risques et périls, car il partage également des éditions d’autres pays et peut être amené à vous spoiler.

La forêt magique de Hoshigahara– Hisae Iwaoka – Le Renard Doré

Forêt magique de Hoshigahara

Le résumé : À Hoshigahara se trouve une forêt bien mystérieuse, que l’on dit hantée. En réalité, dans cet endroit hors du temps, la magie opère : les animaux parlent et la nature prend des formes surnaturelles. En son sein réside également Sôichi, un jeune garçon extraordinaire aidant les âmes égarées, ainsi que des esprits ayant pris possession des objets de sa maison.

3 raisons de le lire :

La forêt…. Personnage titre, c’est bel est bien la forêt, disons même la nature au sens large, qui au cœur de cette oeuvre. On y entre facilement, mais les gens du village vous recommande de passer votre chemin. Désordonnée la plupart du temps, elle est primaire et assez ancienne, mais pas figée. Elle est riche en essence et en chemins, où l’on se perd facilement, comme si un sort vous empêchait de rentrer en son cœur. Pour ceux qui savent s’y mouvoir sans trop s’égarer sa taille est incertaine : on dirait un bois en cœur de ville et pourtant, on semble pouvoir y déambuler longtemps sans passer deux fois au même endroit. Au fil des tomes le lecteur y trouvera ses repères : on reconnaîtra la clairière du vieil orme, le marais à éviter, l’ancienne maison qui a brûlé, ou la « nouvelle » habitation, presque en ruine mais encore debout, où vit Sôichi et ses compagnons. Chaque lieu a sa petite histoire et de nombreux détails qui contribuent à son ambiance et à sa réalité, des détails que l’on pourrait scruter à l’infini. Ce travail minutieux et cette composition toujours changeante, on les doit aux recherches de la mangaka qui a fait de nombreuses balades et prises moult photos. Comme elle l’explique elle-même, pour ce manga, elle avait au départ une seule envie : dessiner une forêt. Mission réussie.

…ceux qui y habitent. Dans la forêt, on trouve des êtres gentils, et d’autres moins. Les esprits qui peuplent la forêt, qui se manifestent sous forme humaine en présence du jeune Sôichi, sont à la base un caillou, une tortue, un orme, de la mousse ou un marais malheureux et colérique qui sera source de quelques soucis. Mais ces esprits sont aussi des objets plus familiers des humains : un livre, deux portes, un sofa… l’âtre d’une maison. Et enfin, ils sont les formes du vent, des esprits millénaires à qui on a bien conseillé de ne pas se lier aux humains, sous peine d’un avenir funeste : la belle mais inquiète Brume, le gentil Effluve, qui voudra bien faire, et le colérique Tornade, frustré, jaloux de l’attention que Brume porte à Sôichi, et qui fera tout pour les séparer. C’est justement autour de Sôichi que tout se petit monde tournera, et pour cause : Sôichi cherche à résoudre les problèmes des esprits pour remplir de tampon un carnet aussi étrange que précieux, car il permettra à notre jeune homme de réaliser son rêve… On vous laisse découvrir lequel.

Les liens qui les lient, et qui nous lient. Tout ce petit monde forme en tout cas une galerie passionnante de personnages, chacun avec sa ou ses fêlures, sa peur de la solitude, son attachement à cette forêt. Hisae Iwaoka fait des merveilles de subtilité en maniant aussi bien la candeur ou les regrets, la gentillesse ou la noirceur, la peur ou la mélancolie, le tout parsemé de petites perles de bonheur. Ces sentiments et ces émotions, évidents ou plus subtils, cachés sous un silence ou sous les apparences, attachent les personnages entre eux, et les attachent à nous.

Les choses à savoir : avec une bonne traduction de Blanche Delaborde, ce seinen de la mangaka de la Cité Saturne est dans un format plus grand que la moyenne, en 15*21cm. On peut ainsi profiter des belles planches, surtout lorsqu’elles sont en couleurs en début d’ouvrage (le début du tome 3 est sublime !). Cette belle édition, pour ce manga pourtant vieux, de 2009, on la doit au jeune éditeur Le Renard Doré, collection manga de L’école des loisirs, que nous avions rencontré plus tôt cette année. La fôret d’Hoshigawara, qui comptera à terme 5 volumes, est LE livre qu’il faut lire pour découvrir cette nouvelle et belle collection. Toutes les infos sur la série sur le site de l’éditeur.

Mission in the apocalypse – Haruo Iwamune – Delcourt/Tonkam

Mission in the apocalypse

Le résumé : Une fille marche seule dans un monde qui semble dépourvu du moindre être humain. Sa mission : rechercher des survivants et décontaminer le territoire. Trouvera-t-elle des signes de vie ? Une histoire où la solitude côtoie de somptueuses ruines.

3 raisons de le lire :

Post apocalyptique X Collection Moonlight. Comme vous le savez, chez JDJ, on aime beaucoup la SF (, lààà, et encore làààà), et en son sein, on ne dit jamais non à un bon manga post-apocalyptique. Donc comme il est issu de la Collection Moonlight, une collection aux titres soignés, emprunts de mélancolie et adroitement mis en scène, nous nous sommes lancés sans nous poser de questions. Nous n’avons pas été déçu par son héroïne à la recherche d’humains encore en vie, et chargée d’éradiquer le mal et les sombres créatures qui rôdent encore dans notre monde. Car Mission in the apocalypse porte bien son nom : c’est encore l’apocalypse, même si l’absence de signe de vie nous donne l’impression que le temps s’est arrêté dans les grandes cités. Des monstres étranges, les condamnés, diffusent des miasmes, une sorte de virus mortel. Ils sont là depuis 50 ans : ils sont puissants, parfois immenses, et toujours dangereux. Sans compter que le récit distille quelques éléments intrigants provenant du passé de notre histoire : il y aurait eu une guerre autrefois, le « grand conflit« , dont l’humanité a beaucoup appris… mais pas assez visiblement, puisqu’elle semble à nouveau éradiquée. Beaucoup de mystères donc, avec ce scénario que l’on a hâte de démêler. Mais pas trop vite non plus, pour en comprendre chaque ficelle.

La vie in the apocalypse. Dans ce monde intrigant, la jeune Saya tente d’accomplir sa mission, jour après jour depuis… des lustres. Sa condition pas vraiment humaine laisse planer le doute sur le nombre d’années qui s’est écoulé depuis qu’elle a débuté sa mission, mais il s’en est passé quelques unes, quelques dizaines peut-être. Saya vit donc un quotidien solitaire, mais pas si triste que ça. Il y a d’abord la compagnie de Kû, une petite bête à l’allure de gerbille, avec qui elle parle de temps à autre. Elle va aussi rencontrer de nombreux robots, plus ou moins avancés, qui continuent la tache pour laquelle ils ont été conçus. Il y a quelque chose d’attirant dans la solitude de Saya : le monde semble un peu lui appartenir. C’est d’ailleurs là, souvent, le charme du post-apocalyptique : cette forme de liberté, d’aventure et cette exploration d’un monde à re-découvrir. Cela dit, Saya a sa mission : éradiquer les les condamnés et leurs miasmes, mais aussi trouver des humains encore en vie. Et les condamnés ne sont pas des créatures faciles à éliminer, qui savent se planquer, donnant un petit air de Resident Evil lors des explorations d’immeubles que l’on croit sans vie. Tout ce mélange créé donc une histoire très prenante, et une aventure où le lecteur s’immerge sans peine.

Les hommes, racontés par les robots. Enfin, Mission in the Apocapyse laisse régulièrement la parole à ceux qui ont perdu leur maitre : les robots. Assigné à une tâche à leur création et incapable de s’y soustraire, leur vie parait veine : prendre soin d’un maître déjà mort, ranger et nettoyer une bibliothèque que personne ne visitera plus jamais… il y a aussi cet homme cinéphile, qui s’est téléchargé dans un reste de robot sans jambe, et qui ne peut plus rien faire d’autre que de regarder des films. De ces « machines », dont la vie a l’air de ne plus avoir de sens, qui semblent proche de la folie, se dégagent alors de la tristesse mais aussi une certaine poésie. Ils continuent de vivre et de transmettre un certain hommage à celui ou celle qui était autrefois à leur côté.

Les choses à savoir : Deux volumes parus en France, chez Delcourt/Tonkam, contre trois au Japon. Dans l’archipel, ce seinen signé Haruo Iwamune (inconnu au bataillon) est publié par les éditions Enterbrain dans le mensuel Harta, l’un de nos magazines préférés au Japon : Bride Stories, Dans le sens du vent, Minuscule, Stravaganza… Jetez un œil ci-dessous pour en savoir plus sur Harta ou rendez-vous ici pour les infos éditeurs sur Mission in the Apocalypse.

She is Beautiful – Jun Esaka & Takahide Totsuno – Kurokawa

She is beautiful

Le résumé : À chaque réveil, la mémoire de Kurumi s’efface. Seule reste sa volonté de retrouver sa meilleure amie… 

« L’enclos » est un mystérieux centre de recherche qui élève des petites filles. C’est là qu’a grandi Kurumi, et là qu’elle s’endort la veille de son dixième anniversaire. Lorsqu’elle rouvre les yeux, quatorze ans ont passé et elle ne reconnaît pas le lieu où elle se trouve. Entre une amie qui a grandi pendant qu’elle dormait et sa mémoire effacée, c’est pour elle le début d’un étrange voyage.

3 raisons de le lire :

Une vie sans mémoire. Tout recommence chaque matin, ou presque, pour Kurumi. Voilà un bel outil scénaristique. À chaque réveil, elle doit tout réapprendre. Enfin tout, pas vraiment : ce sont 14 ans de sa vie, maintenant qu’elle en a 24, qui sont à reconstruire à chaque fois. Elle se souvient de son enfance dans l’enclos, sans avoir la moindre idée de ce qui se passe dans le monde extérieur, alors qu’elle y est désormais projetée. Elle va donc devoir faire confiance à celui ou celle qui est à ses côtés à son réveil. C’est Sayaka, jeune fille de l’enclos tout comme elle, qui sera la première à tout lui expliquer. Mais Kurumi peut-elle lui faire confiance ? D’autant qu’un mot avec son écriture semble lui indiquer le contraire. Combien de temps réussira-t-elle à rester éveillé ? Pourra-t-elle s’évader de la maison où elle s’est réveillée ? Qu’est-ce qui l’attend dehors ?

Un rythme haletant. Dès le premier réveil, à la fin du chapitre un, ce seinen prend son rythme de croisière, celui d’un thriller des plus prenants. Piégée par sa mémoire, dépendante de Sayaka, Kurumi cherche à s’enfuir après avoir lu le mot qu’elle s’est elle-même laissé. De nombreuses zones d’ombre entourent l’enclos, qui est censé avoir disparu dans un grave « accident ». L’isolement de Kurumi par Sayaka, dans une maison perdue en pleine forêt, laisse le lecteur dans le doute : est-ce pour la garder captive ou la protéger du monde extérieur ? On va de surprise en surprise et il est difficile de savoir qui est du côté de Kurumi. Peut-être personne, si ça se trouve. Elle erre donc, aux aguets, d’autant que même un humain lambda peut lui nuire. Imaginez un peu ce dont vous pouvez convaincre une jeune et jolie jeune femme, au réveil, lorsqu’elle a oublié ses quatorze dernières années ?

Le mystère de l’enclos. She is Beautiful débute sur l’enfance de Kurumi dans le fameux enclos : sans parents, les jeunes filles y naissent, que des jeunes filles d’ailleurs. À l’âge de 10 ans on leur annonce la section dans laquelle elles seront transférées pour le reste de leurs jours : Arts, science, production ou labeur. Si les deux premiers choix ont l’air bien jolis, production pourrait correspondre à une vie de génitrice. Si cela reste abstrait pour Kurumi – on ne leur donne pas ce genre de détail, de toute façon – le lecteur comprend lors du premier tome que l’enclos, ce le lieu de vie aseptisé et gentillet que Kurumi va garder en mémoire est en réalité un lieu inquiétant, voir sordide. Et même s’il est censé avoir disparu – ce que le début du tome 2 nous permet de douter – les recherches et les travaux qui y étaient menés semblent avoir dépeint sur notre monde. Des capsules spéciales, implantées dans les humains ont formé dans tout un ensemble de pays, un certain « réseau » qui n’augure rien de bon sur la société dans laquelle Kurumi se réveille, en 2044…

Les choses à savoir : ce thriller nous provient des éditions Kurokawa, qui nous propose d’excellents thrillers depuis quelques années, comme Transparente (que l’on classait déjà dans notre top nouveauté de 2020) ou My Home Hero. La série comptera 6 tomes, et on sent d’ailleurs que l’histoire ne se perd pas en fioritures dans les deux premiers volumes qui sont pour le moment parus. Il est signé par Jun Esaka, scénariste japonais de mangas et de light novel. Il est notamment l’auteur de plusieurs romans Naruto. Au dessin on retrouve Takahide Totsuno, auteur de plusieurs one-shots. En 2018, il a prépublié dans le Weekly Shonen Jump sa série « Alice to Taiyou », terminée en 3 tomes. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

The Bugle Call– Higoro Toumori & Mozuku Sora – Ki-oon

The Bugle Call

Le résumé : Luka, orphelin recueilli par le chef d’un groupe de mercenaires, n’est pas comme les autres : une branche pousse sur son crâne et il peut voir les sons, matérialisés par des traits de lumière… Le seul à lui parler sans crainte est son père adoptif, aussi fin stratège qu’impitoyable au combat. À 14 ans, Luka a déjà vu assez d’horreurs pour une vie. En tant que clairon, il est de tous les affrontements, transmettant les ordres via son instrument. En réalité, il n’a qu’une envie : échapper à ce quotidien fait de violence pour devenir musicien… Seulement, la bataille qui s’annonce pourrait être sa dernière : cette fois, il doit prendre les armes… et surtout, parmi ses opposants se trouvent d’autres “branchus” dotés de divers pouvoirs surnaturels ! Ils font un massacre dans les rangs de Luka, et ce dernier, blessé, se saisit d’un clairon pour sonner la retraite… C’est alors que son véritable pouvoir se dévoile et évite une déroute complète à ses alliés.Témoins de son exploit, les énigmatiques adversaires s’emparent de lui. Luka s’éveille dans une ville entourant une tour immense, vestige des temps anciens et source de magie… Ses nouveaux compagnons sont les protecteurs du lieu, régi par un mystérieux pape. Celui-ci passe un accord avec Luka : si le garçon met son pouvoir et son don tactique à son service, il l’aidera à devenir musicien. Sans le savoir, le jeune prodige se retrouve embarqué dans une guerre dont les enjeux le dépassent !

3 raisons de le lire :

Enfin le retour de la dark fantasy. Après des titres forts comme Berserk ou Claymore, les titres de dark fantasy étaient parmi les grands absents du marché récent du manga en France. Mais cette année, Ki-oon a décidé de frapper très, mais alors très fort en nous proposant de découvrir The Bugle Call, un manga fortement recommandé par Makoto Yukimura, l’auteur de Vinland Saga. Et au-delà de nous proposer une histoire pour le moins surprenante, The Bugle Call joui de dessins incroyablement beaux qui nous permettent de nous plonger facilement au coeur de l’histoire. Le manga de Ki-oon fait partie de ces quelques titres dont la couverture ne ment jamais.

Pour la synésthésie. 80% des handicaps sont invisbles. TSA, TDAH, dépression sont parmi les plus connus du grand public. Mais dans The Bugle Call, les auteurs ont décidé d’aborder d’un autre phénomène neurologique très peu connu : la synéthésie. Et leur représentation de ce phénomène à travers le personnage de Luka est tout simplement incroyable.

Un manga politique comme il en existe peu. Qu’on le veuille ou non, nombreux sont les mangas à parler de politique, chacun à sa façon. Que ce soit One Piece, Vinland Saga ou même My Hero Academia, tous nous offrent une certaine vision de la société qu’ils représentent, et par extension de notre société. Et si certains mangas peuvent le faire maladroitement, The Bugle Call peut se targuer d’être de ceux qui font mouche. Entre ses personnages mystérieux, la guerre présente absolument partout, mais également la religion, le manga de Ki-oon nous propose une vision singulière du monde.

Les choses à savoir : En France, le quatrième tome est attendu chez Ki-oon pour le 05 décembre, tandis qu’au Japon, la série compte déjà huit tomes. Traduit par David Le Quere, ce dernier parvient à nous proposer une adaptation à la hauteur du titre. Aucune adaptation animée n’a encore été annoncée, mais il ne fait aucun doute que The Bugle Call devrait un jour avoir son anime.

No reaction– Keigo Shinzô – Le Lézard Noir

No Reaction

Le résumé : Publié au Japon le 30 septembre 2022 sous le titre Sentimental Muhannô aux éditions Shôgakukan, No reaction est une anthologie d’histoires courtes publiées entre 2017 et 2021. L’auteur propose plusieurs nouvelles qui selon lui, n’ont suscité  » aucune réaction« .

3 raisons de le lire :

En apprendre plus sur l’auteur et la genèse d’Hirayasumi. Keigô SHINZÔ, auteur de plusieurs mangas à succès dont Mauvaise herbe, Tokyo Alien bro ou encore plus récemment Hirayasumi , a été hospitalisé pour un lymphome peu après le début de l’épidémie Covid-19. Il raconte en quelques pages son opération, le stress et sa relation avec les autres patients, pas toujours évidente. C’est à travers cette expérience mais aussi, son retour au monde extérieur juste après, lui vint l’idée de ce qui sera une de ses séries phares; Hirayasumi.

Un hommage à Taiyô MATSUMOTO avec un titre assez surprenant: J’aurai voulu être Taiyô Matsumoto. Mangaka célèbre pour ses tranches de vies telles que Sunny ou encore Ping Pong, il est ici mis en avant dans cette histoire courte paru dans un Mook qui lui a été consacré. Keigo Shinzô raconte ici l’histoire d’un apprenti mangaka fan des oeuvres de Matsumoto jusqu’à ce qu’il vive une déception amoureuse. Petit clin d’oeil au style graphique de Matsumoto à la fin!

Une suite de Tokyo Alien Bros? Vous avez aimé cette série (complète en en trois tomes) et en redemandez ? Keigo Shinzô a dessiné une courte suite à l’occasion de l’adaptation de la série en drama. Point bonus: il semblerait que l’un des personnages qui, plus tard, sera dans Hirayasumi y soit présente!

Les choses à savoir : Le Journal du Japon a eu l’honneur de rencontrer Keigô Shinzô lors de sa venue au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2018. Retrouvez l’interview sur ce lien. Un article écrit en 2020 à l’occasion de la sortie du premier tome de Mauvaise herbe lui est également consacré :

Enfer et contre toutes– Akane TORIKAI – Akata

Enfer et contre toutes

Le résumé : Kana, 31 ans, est mère célibataire et divorcée. Yûri, 28 ans, est une employée de bureau qui fuit les rapports sexuels. Nao, 36 ans, continue de flirter avec les hommes… Quand le destin amène ces trois femmes, victimes de la société, à partager le même appartement, leur quotidien prend une nouvelle dimension. Grâce au soutien qu’elles s’apporteront, elles trouveront comment avancer dans ce monde si injuste en se confiant sur leurs vies de femmes…

3 raisons de le lire :

Le premier shôjo feel good de la mangaka. Akane TORIKAI est connue pour ses mangas à destination d’un public adulte avec des thèmes peu joyeux et pas toujours accessibles à tout le monde comme le suicide, le viol, l’emprise… que l’on peut voir dans En proie au silence ou plus récemment Saturn Return. Ici, même si tout n’est pas rose pour ces trois héroïnes, l’histoire est agréable à lire, drôle et chacune d’entre elles sont attachantes et peuvent même nous donner envie de passer un moment avec elles, autour d’un bon repas !

Un manga qui pointe du doigt la société patriarcale japonaise, ce pourquoi Akane TORIKAI est très forte. Entre la mère célibataire qui est fatiguée d’être renvoyée uniquement à ce rôle, quitte à s’oublier elle-même, une autre fatiguée d’être renvoyée à l’image de la femme forte et indépendante et enfin, la troisième est elle épuisée d’être prise pour une idiote par ses partenaires. (Ce dernier point les concerne toutes dans ce manga non, sans surprise!). Ce que l’on adore enfin c’est le traitement de sujet assez rare et parfois de manière assez crue : on parle de règles, de divorce, de colocation entre adultes… des choses pas toujours simples !

Une belle sororiété. Chacune d’entre elle se retrouve en colocation malgré elles. Et vu leurs caractères bien différents et surtout la présence d’un enfant de quatre ans, cela aurait pu mal se passer… et bien non, au contraire! Elles se soutiennent, se rendent compte qu’elles ont à peu près les mêmes objectifs (à savoir, vivre leur vie comme elles l’entendent, tomber amoureuses et être aimées pour qui elles sont et sans forcément dépendre de leurs partenaires) et ne remettent jamais en question le mode de vie de l’autre.

Les choses à savoir : Invitée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2023, vous pouvez retrouver l’entièreté de son interview sur Youtube. Une interview a également été faite par l’équipe de manga news que vous pouvez lire juste ici. Une adaptation en drama de son manga En proie au silence est sorti le 5 juillet 2024 sous le titre Sensei no Shiroi Uso. Vous pouvez regarder le trailer sur Youtube.

Death Game– Motio Tanaka & Arata Miyatsuki – Vega Dupuis

Death Game

Le résumé : 15 criminels qui ont été emprisonnés pour des crimes graves au 8e pénitencier de Kanto ont été choisis comme sujets de test pour une certaine expérience. Ceux qui réussissent l’expérience seront récompensés par un « pardon total » et Kusunoki, un ancien détective de la police, a accepté de se joindre à l’expérience

3 raisons de le lire :

Une critique forte du système judiciaire japonais. Qu’on le veuille ou non, le système judiciaire japonais est très certainement l’un des pires au monde. Il lui faut généralement plusieurs années avant de reconnaître un erreur, mais entre temps, les innocents accusés à tort souffrent. Dans Death Game, nous sommes confrontés à un ancien détective de la police qui crie son innocence et qui est prêt à tout pour le prouver.

Le sujet difficile de la réinsertion. Comment gérer la réinsertion des criminels dans la société ? Vaste sujet, surtout lorsqu’on sait que certains criminels sont plus enclins à devenir récidivistes. Le manga de Vega Dupuis soulève très justement cette question épineuse, mais également les dérives que cela peut engendrer lorsqu’une personne un peu trop zélée a le contrôle.

Prouver sa valeur à travers un acte désintéressé. Les expériences sociales foisonnent sur les réseaux sociaux. Certaines vont même nous permettre de retrouver foi en l’humanité. C’est justement sur ce point précis, la foi en l’humanité, que Death Game s’appuie. Un criminel peut-il réellement être à l’origine d’un acte totalement désintéressé ? Ou au contraire, ne serait-il que le reflet d’une société gangrénée jusqu’à la moëlle ? D’autant plus qu’au-delà de simplement prouver sa valeur, l’expérience sociale menée dans Death Game joue également sur l’esprit de groupe et la solidarité, des valeurs très présentes au sein de la société japonaise. Un combo qui nous fait frissonner tant cela paraît réel.

Les choses à savoir : Traduit en France par Yuki Kakiichi, Death Game fait parti de ces mangas pour lesquels l’entre deux n’est pas une option. Soit on aime, soit on déteste. Le sujet est lourd, important, mais néamoins très actuel et le duo derrière le titre ne se prive pas de nous pousser dans nos retranchements pour nous amener à réfléchir. 4 tomes sont déjà sortis chez nous et la série est terminée en 5 au Japon. Un manga à ne pas mettre entre toutes les mains.

Cross of the Cross– Shiryu Nakatake – Delcourt / Tonkam

Cross of the cross

Le résumé : Shun Uruma, un élève de sixième, est persécuté depuis toujours par ses camarades. Surnommé le “Cobaye A”, le jeune garçon ne trouve du réconfort qu’auprès de ses parents et de son petit frère. Mais lorsque sa précieuse famille lui est arrachée par nulle autre que ses tyrans, Shun perd tout espoir. Avec l’aide de son grand-père, ancien membre d’un bataillon secret, il va redonner un sens à sa vie grâce à sa soif de vengeance.

3 raisons de le lire :

Parce qu’on ne parlera jamais assez du harcèlement. Dans Cross of the Cross, le harcèlement scolaire est poussé à son paroxysme. L’effet rebond y est fort et a des conséquences désastreuses pour Shun Uruma, personnage principal de l’histoire. À travers son titre, Shiryu Nakatake ne se prive pas de jouer sur l’impact psychologique du harcèlement scolaire et sur les actions que cela peut entraîner. Entre vengeance, critique de la société, Cross of the Cross nous pousse à réellement prendre conscience de ce qu’est le harcèlement, de ce qu’il peut être et de ce qu’il peut entraîner comme situation.

L’être humain n’est finalement qu’une bête. Quoi qu’on en dise, l’être humain reste un animal un peu plus évolué que les autres. Et ça, Cross of the Cross nous le fait bien comprendre, notamment lorsque Shun va trouver du soutien auprès de son grand-père. Oeil pour oeil, dent pour dent, il est temps de payer l’addition de nos actes.

Un style graphique saississant. On ne va pas se mentir, le style graphique d’une oeuvre va énormément jouer sur notre appréciation d’un titre. Et ça, Shiryu Nakatake l’a bien compris, puisque le mangaka nous propose un dessin qui sort de l’ordinaire et qui se veut très brut, presque trop, de façon à nous marquer, quoi qu’il arrive.

Les choses à savoir : Prépublié dans le Shônen Magazine de la Kôdansha, Cross of the Cross compte chez nous 3 tomes, pour 18 déjà sortis au Japon. La série est toujours en cours de sérialisation. Petite anecdote : pour rendre son manga plus réaliste, le manga a lu de nombreux livres sur la torture et considère la poire d’angoisse comme sa méthode de torture préférée. Libre à vous de vous faire votre idée après avoir découvert cette anecdote.

She wasn’t a guy– Sumiko Arai – Mangetsu

She wan't a guy

Le résumé : Aya, une jeune lycéenne populaire, tombe sous le charme d’un mystérieux disquaire. Leur passion commune pour le rock les rapproche de plus en plus… Mais derrière le masque du disquaire mystérieux et charismatique se cache en réalité Mitsuki, une camarade de classe d’Aya, d’habitude très discrète. Comment cet amour improbable va-t-il évoluer ? Aya va-t-elle accepter d’être tombée amoureuse… d’une fille ?!

3 raisons de le lire :

Super green ! Ce vert presque fluo, c’est la première chose qui saute aux yeux, aussi bien sur la couverture que sur les planches dessinées en bichromie. Celai permet à Sumiko Arai de créer une ambiance unique en son genre. La mangaka joue également avec un découpage extrêmement dynamique qui permet à l’histoire d’avancer vite sans perdre le lecteur.

Quand la musique est bonne. L’action a beau se passer après 2020, le fait que Aya et Mitsuki se rapprochent grâce à des sons rock sortis bien avant leur naissance parlera au lectorat adulte et lui rappellera sa propre adolescence, à fouiller pour des raretés chez un disquaire pour trouver du Nirvana, du Pink ou du Sex Pistols. Il existe même une playlist officielle disponible sur Spotify pour bouger la tête en rythme avec les filles.

C’est du yuri et on n’a jamais assez de yuri, même si cette année 2024 a été très généreuse en la matière. La relation entre Aya et Mitsuki part d’un malentendu, et ouvre de formidables réflexions sur le genre, les apparences et la place qu’elles ont dans la société. Ce sont deux adolescentes maladroites dans l’expression de leurs sentiments, qui se cherchent, rient et se blessent parfois. La comédie n’est jamais loin et la mangaka donne aux filles tout un panel d’expressions toutes plus mignonnes et craquantes les unes que les autres (mention spéciale à Mitsuki et ses poses de belle gosse).

Les choses à savoir : le manga a débuté en 2022 sur Twitter, et a immédiatement conquis les lecteurices avec son graphisme immanquable et son histoire drôle et touchante. L’éditeur Kadokawa a rapidement proposé à Sumiko Arai d’en faire une version papier. 2 tomes sont déjà disponibles, et les plus impatients peuvent poursuivre leur lecture sur internet, à condition de maitriser le japonais.

L’amour est au menu– Sakaomi Yuzaki – Akata

L'amour est au menu

Le résumé : Nomoto a une passion pour la cuisine ! Et bien qu’elle ne soit pas une professionnelle de ce métier, elle a créé son compte instagram. Pourtant, le soir, quand elle rentre chez elle, elle n’a personne avec qui partager ses petits plats… Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas pour ses collègues à tendance misogyne qu’elle prépare ses bentô ! Mais quand un jour, parce qu’elle a cuisiné en trop grande quantité, elle propose à sa voisine célibataire de venir dîner avec elle, elle pourrait bien trouver des réponses à ses questionnements…

3 raisons de le lire :

Parce que c’est du yuri. Et du yuri avec deux femmes adultes, installées dans leur vie mais toujours en questionnement sur celle-ci. Elles savent que quelque chose leur manque, qu’on ne leur a pas tout dit sur comment aborder les choses et, surtout, elles détestent la pression que la société exerce sur elles par tous les moyens, pour qu’elles se conforment à des attentes misogynes et humiliantes. Alors elles cherchent un échappatoire.

Et cet échappatoire c’est la cuisine (raison 2 !). Et plus précisément partager de bons petits plats. Faire un pas vers l’autre, décider ensemble quoi manger pour le prochain repas, et petit à petit, découvrir les pratiques culinaires japonaises, sa cuisine familiale et sa convivialité. Et s’extasier devant l’emphase que met Sakaomi Yuzaki à dessiner Kasuga quand elle mange les grandes quantités de nourriture que préparent Nomoto. On ne se lasse pas de ce découpage précis, de la joie qu’il transmet et du petit creux dans l’estomac qu’il laisse quand on a fini.

Voir leur relation évoluer, leurs passés se dévoiler donne un sentiment de bonheur et de légèreté, tout en parlant de féminisme et d’affirmation de soi. C’est un manga tout doux, mais qui sait provoquer la réflexion.

Les choses à savoir : 2e du prix Kono Manga ga sugoi 2022 derrière Ocean Rush, l’Amour est au menu compte actuellement 5 tomes. Le manga a aussi reçu une adaptation en drama par la NHK, très appréciée par le public puisqu’elle a duré deux saisons.

Et voilà pour notre sélection pour l’année 2024 : est-ce que votre coup de cœur de l’année était dedans ? Non ? Mais il faut nous en dire plus tout de suite alors : direction les commentaires !!

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