Final Fantasy XVI : Un épisode primordial ?

Depuis ses débuts il y a plusieurs décennies, la saga Final Fantasy a fait énormément de chemin. Paru pour la première fois en 1987 sur NES, le jeu, véritable baroud d’honneur de Square (devenu Square Enix depuis), a su conquérir le cœur des joueurs au fil du temps et marquer l’histoire des jeux de rôle japonais, et plus que cela, il a contribué à le rendre célèbre dans le monde entier. Sept années se sont écoulées depuis la sortie en demi-teinte du dernier épisode canonique, Final Fantasy XV, la licence revient aujourd’hui avec sous sa direction Naoki YOSHIDA, déjà bien connu des fans pour avoir sauvé Final Fantasy XIV et pour avoir opéré sur Dragon Quest, promettant un renouveau de la série en assumant enfin et pleinement son côté action avec Final Fantasy XVI, chose qu’ils avaient déjà plus ou moins commencer à initier dans les précédents opus et notamment Final Fantasy VII Remake et Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin, derniers opus en date. Que vaut ce nouveau jeu ? Réponse dans ce test.

Test réalisé sur PS5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.

Un nouveau tournant pour la saga ?

Final Fantasy est une saga mythique qui a traversé les âges du jeu vidéo et qui continue aujourd’hui de susciter un engouement sans précédent à chaque nouvel opus canonique. Entre respect des origines et quête de nouveauté, Square Enix se trouve face à un équilibre délicat pour satisfaire à la fois les vétérans inconditionnels et les nouveaux adeptes.

Il est vrai que se détacher de ses souvenirs de jeunesse n’est jamais facile. La stratégie du tour par tour, les antagonistes emblématiques, le bestiaire varié et les invocations sont autant d’éléments fondateurs qui ont défini l’essence d’un Final Fantasy. Pourtant, au fil du temps, des avancées technologiques et des évolutions des plateformes, la licence s’est réinventée pour ne pas paraître vieillissante et toucher un nouveau public, tout en préservant l’essence qui a séduit les fans de la première heure.

Après des épisodes décevants tel que le Final Fantasy XV, marqués par des choix de gameplay hybrides, une narration maladroite, Square Enix a décidé de revoir sa stratégie de développement pour l’avenir de la série. C’est ainsi qu’en 2020, Final Fantasy XVI a été annoncé, sous la houlette de la Creative Business Unit 3, habituellement en charge des MMORPG, et dirigé par Naoki Yoshida, accompagné de Hiroshi TAKAI à la réalisation et Kazutoyo MAEHIRO au scénario, tous ayant sauvé Final Fantasy XIV du naufrage. Une équipe de choc qui a suscité de grandes attentes, d’autant plus que les changements promis pour cet opus allaient bouleverser les fondements de la licence.

Clive Rosfield
Clive Rosfield

Final Fantasy XVI a choisi d’assumer pleinement son orientation action avec plus de maturité et de sérieux dans l’histoire, avec un protagoniste unique jouable. Le directeur des combats, Ryota SUZUKI, célèbre pour son travail sur des titres tels que Devil May Cry, Monster Hunter et Dragon’s Dogma, apporte indéniablement son influence à ce nouvel opus.

Final Fantasy XVI plonge les joueurs dans le royaume de Valisthéa, un continent ravagé par le mystérieux « Fléau Noir » qui se propage et détruit toute vie environnante en épuisant l’Ether, source de vie et de magie et déchiré par la guerre entre ses six nations : l’Archiduché de Rosalia, le Saint-Empire de Sangbrèque, le Royaume de Valoed, la République de Dalméquie, le Royaume de Fer et le Dominion du Cristal. Chacune de ces puissances possède un Cristal-Mère, un cristal géant source de pouvoir permettant de pratiquer la magie. Les émissaires, détenteurs du pouvoir de contrôler les primordiaux, des entités aux pouvoirs destructeurs (les classiques Shiva, Odin, Titan, etc.), véritables armes de guerres, jouent un rôle crucial dans cette lutte acharnée pour le pouvoir. Certains individus, les Pourvoyeurs, parviennent à maîtriser la magie sans l’assistance des cristaux. Malheureusement, ils sont réduits à l’esclavage, méprisés par la société qui les considère comme de simples instruments.

L’aventure se concentre sur Clive Rosfield, fils aîné de la famille dirigeante de Rosalia et Pourvoyeur lui-même. Nous vivrons différentes périodes de sa vie, de son adolescence à sa trentaine bien entamée, se lançant en quête de vengeance, de vérité et de liberté, toujours accompagné de son fièle chien Talgor ainsi que plusieurs personnages qui croiseront sa route tout au long du jeu. Le récit explore des thèmes profonds tels que l’esclavage, l’essence même de l’humanité, ainsi que les conséquences dévastatrices du pouvoir et des conflits.

Exit les univers Diesel Punk ou Futuristes, l’opus nous plonge dans un décor médiéval fantasy des plus sombres. Comme tout bon Final Fantasy qui se respecte la magie est au cœur même du jeu. Final Fantasy XVI pose les bases d’un univers sombre et mature, plus occidental et offrant une expérience aux enjeux géopolitiques réalistes et omniprésents, inspirée de façon évidente par l’univers de la série HBO Game of Thrones. Supervisé par Kazutoyo Maehiro, le scénariste et directeur créatif de Final Fantasy XIV, le jeu nous entraîne dans une aventure digne des plus grands opus de la franchise. La narration est maîtrisée et le fait que le jeu ne soit pas un open world mais une succession de zones ouvertes y est pour quelque chose. De plus, des éléments du jeux nous permettant de comprendre les enjeux géopolitique et l’univers dans lequel on évolue tout au fil du jeu. Cela nous aide à nous immerger complètement dans le récit et à rendre le tout très crédible.

Les dialogues sont bien écrits. Les personnages sont très bien développés : chacun ayant sa personnalité, liée à son passé et ses traumatismes, le tout présenté de manière crédible. Cependant, on pourra regretter le nombre peut-être trop important de cinématiques qui peuvent parfois donner l’impression d’attendre trop longtemps avant de reprendre la manette en main. Un rythme plus dynamique, comme celui proposé par God of War, aurait pu alléger cette attente. D’autant plus que Final Fantasy XVI suit un peu le même schéma semi-dirigiste, avec des enchaînements de zones plus ou moins ouvertes et la possibilité d’y retourner à tout moment.

Final Fantasy XVI marque à la fois un retour au source de la saga en s’inspirant des éléments qui ont fait son succès, comme les cristaux mères, la magie ou le bestiaire, tout en proposant une nouvelle approche qui fait du bien.

Jill, Clive et Talgor

Devil May Clive

Une fois plongés dans l’univers captivant de Final Fantasy XVI, nous prenons rapidement en main le personnage de Clive alors adolescent. Cette première séquence, entièrement jouable dans la démo, nous permet de découvrir le gameplay dynamique du jeu, similaire à Final Fantasy XV sur certains aspects, tout en se débarrassant des vestiges du tour par tour que représentait l’Active Time Battle. À la place, le jeu se concentre sur des mécaniques de Beat Them All, et bien que cela aurait pu être mieux exploité, l’approche se révèle efficace. Les commandes sont simples, attribuant quelques touches pour les attaques : carré pour attaquer, triangle pour la magie, croix pour sauter et rond pour les attaques liées aux primordiaux. Basique, mais redoutablement efficace, surtout avec les impressionnants effets visuels qui accompagnent les combats.

Clive, attaque éclair !

Le véritable potentiel du système de combat se révèle lorsque le joueur a accès aux pouvoirs des autres primordiaux que Clive débloque au fur et à mesure de son aventure. En équipant trois primordiaux, le joueur peut profiter d’une part stratégique plus importante, rendant ainsi les affrontements palpitants. Cependant, un élément manquant est l’absence du système d’affinité élémentaire des ennemis qui aurait pu apporter une dimension plus intéressante aux combats. Malgré cela, les affrontements restent néanmoins plutôt réussis dans l’ensemble. Un point à noter est que Clive Rosfield est le seul personnage jouable du jeu, reléguant son fidèle compagnon à quatre pattes, Talgor, à un rôle anecdotique et vite oublié.

Il faut toujours un Cid avec nous !

Cependant, là où le jeu brille véritablement, c’est dans la qualité des combats contre les primordiaux, qui se révèlent tout simplement titanesques. Certains affrontements sont si grandioses qu’on se croirait facilement plongés dans un épisode de L’Attaque des Titans. Le pari du jeu repose en grande partie sur cette aventure épique, mêlant habilement scènes cinématiques et action pure, pour convaincre les joueurs que le tour par tour n’est pas l’essence même de la licence Final Fantasy, et cela fonctionne avec brio. Le jeu réussit à prouver que la franchise est bien plus qu’un simple système de combat et que c’est un héritage complexe, offrant une expérience époustouflante aux fans et nouveaux joueurs.

Les mogs sont de la partie…
… Les chocobos aussi !

Visuellement next-gen et auditivement jouissif

En terme de graphismes, Final Fantasy XVI propose deux modes qui sont désormais assez classiques dans un jeu moderne. Le premier mode, intitulé « Performance », offre une fluidité optimale avec des effets visuels moins poussés et le mode « Qualité ». Bien que ce dernier entraîne une légère baisse du nombre d’images par seconde (30 au lieu de 60), il permet de bénéficier d’une expérience visuelle somptueuse, avec une qualité graphique et une résolution supérieures. C’est d’ailleurs avec ce mode que nous avons joué.

Le mode « Qualité » offre un spectacle dantesque : les personnages principaux ainsi que les Primordiaux sont magnifiquement conçus et les environnements extérieurs offrent des panoramas somptueux qui incitent les joueurs à utiliser le mode photo du jeu pour immortaliser ces paysages à couper le souffle. Les cinématiques CGI se fondent parfaitement avec les séquences en jeu, offrant une belle homogénéité visuelle qui renforce l’immersion dans l’univers fantastique de Valisthéa. Les effets de particules ajoutent une touche de réalisme et contribuent à créer une atmosphère enchanteresse, permettant aux joueurs de s’émerveiller devant chaque détail graphique.

Les panoramas et…
…les effets de lumières sont sublimes

Cependant, il est à noter que certains joueurs pourront être dérangés par l’effet de flou cinématique qui peut donner le tournis. Heureusement, il est maintenant possible de désactiver cette fonctionnalité pour une expérience plus confortable grâce à la dernière mise à jour. Les affrontements de Primordiaux, tels qu’évoqués dans le point précédent, sont très graphiques, nous en mettant plein les yeux. Les échelles de grandeurs et la mise en scène spectaculaire y contribuent grandement, et certaines scènes ne laisseront personne indifférent.

De plus, le jeu bénéficie d’un travail artistique remarquable, avec des designs de personnages et de créatures particulièrement soignés et inspirés. Chaque personnage est doté d’une profondeur visuelle qui reflète sa personnalité et son rôle dans l’histoire, tandis que les Primordiaux, véritables colosses aux pouvoirs dévastateurs, imposent leur présence majestueuse à l’écran.

Le combat contre Titan, un des combats les plus mémorables

Les environnements ne sont pas en reste, avec des décors variés et détaillés qui donnent vie au monde de Valisthéa. Des cités majestueuses aux contrées sauvages et mystérieuses, chaque lieu possède son charme unique, renforçant l’immersion du joueur dans cet univers fantastique. Enfin, les effets visuels durant les combats, notamment lors des attaques spéciales et des sorts magiques, ajoutent un dynamisme saisissant aux affrontements. Les jeux de lumière, les explosions, et les animations soignées créent des moments épiques et inoubliables.

La bande-originale de Final Fantasy XVI, composée par Masayoshi SOKEN, le talentueux compositeur de Final Fantasy XIV, est une véritable pépite qui marque profondément l’expérience de jeu. La musique, omniprésente dans le jeu, nous plonge instantanément dans l’univers envoûtant de Valisthéa. Masayoshi Soken a su créer une bande-son d’une variété exceptionnelle, en proposant des orchestrations majestueuses, des chœurs envoûtants, ainsi que des mélodies inspirées de la musique classique japonaise. Les thèmes des Primordiaux, en particulier, se distinguent par leur puissance et leur grandeur, élevant les affrontements à des sommets épiques. Chaque combat contre ces entités aux pouvoirs destructeurs est sublimé par des compositions musicales saisissantes, accentuant l’intensité de ces moments cruciaux de l’aventure. Toutefois, bien que la bande-son de Final Fantasy XVI soit globalement réussie, certains morceaux peuvent parfois manquer d’inspiration et être rapidement oubliés une fois l’aventure terminée.

Final Fantasy XVI est un jeu qui marque une nouvelle étape dans l’évolution de la célèbre saga de Square Enix. Avec une orientation plus occidentale, le jeu ne manquera pas de susciter des débats. Cependant, même en s’éloignant des conventions habituelles, il demeure un véritable Final Fantasy avec le traitement de ses thématiques, de ses personnages et de son univers caractéristiques de la franchise. Malgré quelques défauts, car oui le jeu a des défauts, son système de combat qui aurait gagné à être plus technique et ses quêtes annexes plus travaillées, la maîtrise de sa mise en scène, la narration et le travail visuel réalisé l’emportent et nous plongent dans Valisthéa.

1 réponse

  1. Cyril dit :

    De la dark fantasy gnian gnian au possible, un ARPG light, un DMC like qui fait beaucoup moins bien que son modèle, une structure de jeu famélique avec le strict minimum et toute une ribambelle de stigmates passéistes du jeu couloir, des mécaniques redondantes dès un petit tiers du jeu.
    Je me demande même si ce FF n’est pas pire que le précédent (??).. En tout cas il n’est pas mieux.. Qu’elle tristesse cette licence.

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