Cinéma Japonais : le bilan des sorties 2023 en France

Comme chaque début d’année, depuis 5 ans maintenant, Journal du Japon dresse le bilan du cinéma japonais en France. Si la fréquentation des salles obscures en France peine à retrouver son niveau d’avant Covid-19, le public était au rendez-vous et massivement pour Super Mario Bros. le film, le nouveau Ghibli Le Garçon et le Héron de Hayao MIYAZAKI ainsi que Suzume de Makoto SHINKAI ! Outre ces succès de l’animation japonaise, il y avait aussi d’autres pépites qui valaient bien leur billet. Retour sur une année 2023 riche en films japonais de qualité.

L’année dernière, l’équipe de Journal du Japon avait voté pour les meilleurs films japonais selon divers catégories ainsi que le meilleur distributeur de films japonais. Pour ce bilan des sorties 2023, on a demandé l’avis de la communauté JDJ pour savoir, selon vous, quels sont les meilleurs film d’animation, en prise de vues réelles, de franchise, de l’année ainsi que le meilleur distributeur de films japonais. Rendez-vous à la fin de l’article pour connaître les longs-métrages de l’année.

Une fréquentation en salles proche des niveaux d’avant Covid

Un top 10 dominé par les États-Unis et le succès du cinéma français

Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a révélé que la fréquentation des salles de cinéma en 2023 a atteint 181 millions d’entrées contre 152 millions en 2022 soit une hausse de 18,9%. En 2023, on constate presque un retour à des niveaux d’avant crise : 13,1 % de fréquentation en moins par rapport à la moyenne historiquement élevée des années 2017 à 2019. Au cours de l’année, 42 films ont atteint le million d’entrées contre 30 seulement l’année précédente.

Si le top 10 de 2022 était exclusivement américain, l’année 2023 est une belle année pour le cinéma français avec : Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, top 3 avec presque 4,6 millions d’entrées (loin du record de Mission Cléopâtre d’Alain Chabat et ses presque 15 millions d’entrées), Alibi.com 2, 5e du classement avec un peu plus de 4,2 millions d’entrées battant le score du premier film avec 600 000 entrées de plus par rapport à 2017 ainsi que Les Trois Mousquetaires : D’artagnan, à la 8e position avec plus de 3,3 millions d’entrées.

Super Mario Bros. le film a écrasé la concurrence cette année avec plus d’un million et demi d’entrées en plus par rapport au top 2 Barbie. Oppenheimer sorti en même temps a perdu le duel face au film féministe sur la plus célèbre des poupées et termine à la 4e position avec 4,4 millions d’entrées. Wonka, la préquelle de Charlie et la Chocolaterie se classe 6e avec 3,7 millions d’entrées. Avec 3,4 millions d’entrées, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 fait mieux que les deux premiers opus de la trilogie (3,2 millions en 2017 et 2,4 millions en 2014).

Le centenaire Disney, en déclin, n’a pas encore redressé la barre. Elémentaire se contente d’une 9e position du classement avec seulement 3,2 millions d’entrées. Indiana Jones et le Cadran de la destinée clôture le top 10 avec 3 millions d’entrées, faisant du 5e opus le film de la franchise qui a le moins bien marché en France, loin du score du premier opus et ses 6,4 millions.

Top 1 : Super Mario Bros. le film ; Top 2 : Barbie ; Top 3 : Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu

Un cinéma japonais en belle forme !

2023 s’est montrée assez généreuse avec une vingtaine de films japonais. Tout au long de l’année, la rédaction les a chroniqués, pour la plupart (voir nos liens, dans la partie analyse) et ce bilan est l’occasion de faire un panorama assez large du cinéma japonais d’animation ou en prise de vues réelles. Voici donc le classement des films selon leur nombre de spectateurs, que nous analyserons ensuite.

Un top 3 dominé par l’animation !

Super Mario Bros. le film : It’s-A-Yes Mario !

Avec plus de 7 millions d’entrées, Super Mario Bros. le film démontre qu’il était possible de faire une belle adaptation de la franchise de Nintendo, faisant oublier la tentative en prise de vues réelles de 1993 complètement ratée. Refroidi par l’échec hollywoodien, Shigeru MIYAMOTO, le papa du célèbre plombier italo-américain (apparaissant pour la première fois en 1981 sous le nom de Jumpman dans le jeu Donkey Kong), souhaitait confier le travail à vrai professionnel du cinéma car, pour lui, réaliser un film est complètement différent que de créer un jeu vidéo.

C’est grâce à la collaboration de Nintendo avec le parc d’attractions Universal Studios et sa nouvelle zone dédiée à l’univers de Mario que le producteur japonais a rencontré Chris Meledandri, fondateur et PDG du studio Illumination qui appartient à Universal Pictures. La conception artistique que partagent les deux hommes a joué dans la décision. Sa grande expérience dans l’animation (il a été producteur exécutif des deux premiers volets de L’Âge de glace) et ses succès avec Moi, moche et méchant, Les Minions ou Tous en scènes ont aussi pesé dans la balance pour le choix du réalisateur.

©2024 Universal Pictures Home Entertainment

Le film d’1h30 est généreux en caméos et easter eggs qui défilent à une vitesse folle comme dopée au champignon turbo doré ! Fan service à outrance pour certains, Super Mario Bros. le film reste néanmoins un bel hommage aux jeux Nintendo qui ont séduit des générations et qui aimeront retrouver les clins d’œil plus ou moins évidents disséminés tout au long du film. Les scènes s’enchaînent en cochant toutes les cases pour un divertissement familial réussi : humour, action et aventure avec une belle morale (il faut persévérer et ne jamais baisser les bras).

Sans prendre de risque, le film s’avère efficace et une adaptation de jeu vidéo réussie. Le public a été nombreux pour suivre les nouvelles aventures du plombier star sur grand écran avec plus de 7 millions d’entrées ! Et cela devrait conduire le studio Illumination et Nintendo à produire une suite : la scène de fin annonce-t-elle un futur film avec Yoshi ?

Le Garçon et le Héron, dernière œuvre du grand maître Miyazaki

Le Vent se lève sorti en 2013 au Japon devait être le dernier film de Hayao MIYAZAKI… Mais le co-fondateur du mythique Studio Ghibli n’en avait pas terminé avec l’animation. Le court-métrage Boro la petite chenille en 2017 le fait sortir de sa retraite. Après 7 années de travail, le réalisateur âgé aujourd’hui de 83 ans, signe avec Le Garçon et le Héron son ultime long-métrage.

Il doit son titre original Kimi-tachi wa dō ikiru ka au roman du même nom, écrit par Genzaburō YOSHINO en 1937 (traduit en français par Patrick Honnoré sous le nom de Et vous, comment vivrez-vous ? aux Éditions Picquier), que lui avait offert sa mère. Hayao MIYAZAKI aime raconter à sa manière les histoires de la littérature jeunesse, qu’elles soient anciennes ou modernes. Cette fois-ci, il s’est inspiré du Livre des choses perdues de John Connolly où le grand maître de l’animation japonaise avait signé une recommandation sur le bandeau de la traduction japonaise.

Synopsis : Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

Avec 227 457 entrées le premier jour de sa sortie, en incluant les avants-premières, Le Garçon et le Héron est le meilleur démarrage dans l’Hexagone pour un film de Hayao Miyazaki. Dès sa deuxième semaine d’exploitation, le film passe la barre symbolique du million et dépasse le score du Voyage de Chihiro, devenant ainsi le meilleur succès commercial au cinéma en France avec 1 592 840 entrées.

Suzume et le renouveau de Makoto SHINKAI

Avec Suzume, le triptyque de Makoto SHINKAI, hanté par le spectre du 11 mars 2011, se termine sur un très beau succès avec 543 466 entrées ! Pour comparaison, Your Name avait atteint 250 000 entrées et Les Enfants du Temps à peine 230 000 entrées. Bien que le film partage des points communs avec les deux précédents films, Suzume s’en démarque par le fait que le réalisateur traite frontalement le drame du Tōhoku, sans avoir recours à des artifices fictifs comme la météorite dans Your Name ou une pluie diluvienne dans Les Enfants du Temps. S’il y a bien un duo Suzume/Sôta, le spectateur découvre, non pas une histoire d’amour, mais un road-movie à travers tout le Japon pour refermer les « portes du désastre » qui menacent de destruction les lieux où elles apparaissent. Optimiste, cela n’empêche pas le long-métrage d’être tragique avec le thème important du deuil.

Fort de son succès, les adaptations du film Suzume en roman et en manga, traduits par Mathilde Tamae-Bouhon, débarquent dans les librairies un an après sa sortie au cinéma, le 3 mars 2024. En même temps que la réalisation du long-métrage, Makoto SHINKAI a enfilé sa casquette d’écrivain pour (re)faire vivre cette fois à l’écrit, en 336 pages, le voyage initiatique de la jeune Suzume sur le chemin de l’âge adulte et des responsabilités qui vont avec. Prépublié à partir de 2022 dans le magazine Afternoon de Kodansha, le dessin du manga a été confié à Denki AMASHIMA et la série est terminée en 3 tomes au Japon.

Perfect days, le bon goût du quotidien pour Wim Wenders

D’une proposition par la ville de Tokyo de réaliser une série de mini-documentaires sur un récent projet architectural autour de nouvelles formes de toilettes japonaises, Wim Wenders préfèrera, à raison, faire un long-métrage qui traiterait de plusieurs aspects de la culture japonaise, et plus seulement cet angle “passé/modernité”. Avec seulement 16 jours de tournage et Kôji YAKUSHO qui porte le film (Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes), le réalisateur allemand signe avec Perfect days l’un de ses meilleurs films. Avec 373 950 entrées, le film récompensé au Festival de Cannes 2023 (Prix du jury œcuménique) est un succès qui le classe 7e en France parmi sa filmographie où son record dépasse la barre des 2 millions d’entrées avec Paris Texas en 1984 !

Bande-annonce de Perfect days de Wim Wenders

Synopsis : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

Art House et des Saisons Hanabi qui connaissent un beau succès

La famille Asada, la belle surprise hivernale

Cet hiver, l’association Hanabi, avec le distributeur Art House, a connu un beau succès avec La famille Asada de Ryôta NAKANO. Le film a dépassé la barre des 250 000 entrées. Depuis la création de la société de distribution Art House en 2018, c’est d’ailleurs son plus grand succès au cinéma ! Le réalisateur réussit habilement à mélanger à la fois les éléments comiques et dramatiques. Plus qu’un film sur la famille Asada, l’outil de la photographie dans le film souligne l’importance des moments présents et des souvenirs.

©Art House

Synopsis : Tout petit, Masashi ASADA, le cadet de la famille, reçoit un appareil photo de la part de son père. Sa passion est de se prendre en photo avec, en mettant en scène les différents jobs idéals que ses parents et son frère ont en tête. Ayant foi en ses photographies et bien décidé à en faire son avenir, il part à Tokyo et mise sur l’édition et la vente de l’album photo de sa famille. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu. Nous suivons alors la vie de Masashi dans ses bons comme mauvais moments.

Hokusai, plus qu’un biopic sur le grand maître de l’ukiyo-e

Autre belle surprise que l’on doit à Art House en France, Hokusai. Le réalisateur Hajime HASHIMOTO ne reconstitue pas uniquement le parcours du « fou de dessin » dans sa vingtaine (Yūya YAGIRA) ou dans sa vieillesse (Min TANAKA) : c’est une véritable immersion dans la société corsetée par les Shôgun Tokugawa lors de l’époque Edo (1603-1868). Le film s’avère être une belle porte d’entrée pour découvrir les artistes derrière les estampes et dans quelles conditions ils pouvaient exprimer leur art malgré la censure. Il est dommage d’avoir eu une version écourtée dans nos salles obscures… A défaut de tout savoir sur le maître à qui l’on doit La Grande Vague de Kanagawa, la Joconde du Japon, ce sont 180 000 spectateurs qui ont pu voyager dans le « monde flottant » (ukiyo-e).

Avec Love Life, Kôji FUKADA franchit la barre des 100 000 spectateurs !

2023 est une belle année pour Art House et pour Kôji FUKADA qui enregistre un record d’entrées en France avec Love Life réalisant ainsi 100 287 entrées. En pleine pandémie, en 2020, L’Infirmière détenait le meilleur score au box office français pour le réalisateur avec 75 769 entrées. Les spectateurs commencent à bien connaître le cinéma fukadien. Mélodrame anti patriarcal comme le diptyque qui le précédait, le nouveau film reprend aussi des motifs issus de L’Infirmière et, surtout, d’Hospitalité et d’Harmonium. Comme dans ces derniers, l’idéal au cœur de Love Life est celui d’une famille nucléaire parfaite, composée par Taeko ÔSAWA, jeune femme solaire, son époux Jirô et leur fils Keita. Mais c’est un film de Kôji FUKADA et donc les familles parfaites n’existent que pour annoncer leur implosion future, quand des fantômes du passé ressurgissent…

Bande-annonce de Love Life de Kôji Fukada

Rendez-vous à Tokyo, un drame romantique et une première en France pour Daigo Matsui

Rendez-vous à Tokyo est comme un premier film en France pour découvrir le réalisateur Daigo MATSUI qui a pourtant 10 ans de carrière et quelques sélections en festivals (Berlin et Rotterdam notamment). L’injustice touche à sa fin grâce à Art House et la sortie à la date symbolique du 26 juillet, dans nos salles obscures, du drame romantique où les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas… Jour de leur rencontre, celui où ils se sont aimés, où ils se sont séparés. Sept rendez-vous entre un danseur professionnel et une conductrice de taxi dans le Tokyo d’aujourd’hui. Avec sa jolie mise en scène, le rendez-vous dans la capitale japonaise a attiré plus de 60 000 spectateurs qui devaient remettre dans l’ordre les différentes scènes pour reconstituer l’histoire d’amour entre Yô et Teruo.

©Art House

Bienvenue dans le grand magasin !

Le nom du réalisateur du Grand magasin ne vous dit sans doute rien mais Yoshimi ITAZU n’est pas un novice dans l’animation. Il s’agit d’un ancien collaborateur de Satoshi KON qui a travaillé sur la série Paranoia Agent et le film Paprika. Pour le film Miss Hokusai (2015), il était le character designer en charge de la création graphique des personnages. Pour son premier long-métrage qui a séduit presque 60 000 spectateurs en France, le réalisateur a choisi d’adapter le roman graphique La Concierge du grand magasin de Tsuchika NISHIMURA, aux éditions Le Lézard Noir en France. Sensibilisant à la cause animale face à la consommation de masse, Le Grand magasin raconte l’histoire d’Akino, l’apprentie concierge d’un grand magasin vraiment spécial où les clients sont tous des animaux. Qu’ils soient petits ou grands, à poils ou à plumes, l’héroïne travaille dur pour satisfaire toutes leurs demandes… même les plus surprenantes !

Le grand magasin : au bonheur des animaux
©2023 Tsuchika Nishimura / Shogakukan/ « The Concierge » Film Partners

La beauté du geste, une première distribution française pour le quatrième film de Sho MIYAKE

Après Daigo MATSUI et son réussi Rendez-vous à Tokyo, le distributeur Art House continue de profiter de l’été 2023 pour mettre en avant les jeunes talents émergeant du cinéma japonais. C’est avec plaisir que les Français ont pu découvrir Sho MIYAKE avec une première distribution française pour son quatrième film : La Beauté du geste, un film de boxe intimiste qui dépasse la barre des 40 000 entrées en France.

Crunchyroll : des démons et des slimes en sorties événementielles

En 2023, Crunchyroll a organisé 2 sorties événementielles avec Demon Slayer – en route pour le village des forgerons et Moi quand je me réincarne en Slime – le film : Scarlet Bond. En 2021, Demon Slayer : Le train de l’infini avait cassé la baraque avec plus de 700 000 entrées ! Si le nombre d’entrées a bien chuté (109 154 entrées) depuis le premier film, cela s’explique par son caractère moins inédit. En effet, ce second film reprend les épisodes 10 et 11 de l’arc du Quartier des plaisirs (saison 2 de l’animé) et le premier épisode du Village des forgerons (saison 3 de l’animé).

L’histoire originale de Moi quand je me réincarne en Slime – le film : Scarlet Bond se déroule, elle, après la fin des 2 saisons de la série animée (48 épisodes). Avec 34 000 entrées, on voit clairement l’écart de popularité entre les deux franchises.

Eurozoom, en 2023, c’était Suzume mais pas que !

Le nouveau film de Keiichi HARA

Après déjà 5 films en France, les Français commencent à bien connaître Keiichi HARA que l’on avait découvert avec Un été avec Coo (40 406 entrées) en 2008 grâce au distributeur indépendant Eurozoom. En 2011, Colorful était resté dans l’ombre (seulement 12 378 entrées). Le réalisateur quittait ensuite le registre du fantastique pour une biographie romancée de O-Ei, l’une des filles du célèbre peintre Hokusai. Miss Hokusai rencontrait alors en 2015 en France un beau succès avec plus de 75 000 entrées.

En 2019, le réalisateur revient avec Wonderland, le royaume sans pluie, son nouveau film fantastique, distribué non plus par Eurozoom mais par Art House. Le film avait d’ailleurs fait débat dans la rédaction mais avait rencontré son public avec 81 316 entrées, le meilleur score de Keiichi HARA. Le château solitaire dans le miroir a débarqué dans nos salles à la rentrée scolaire, de retour avec Eurozoom à la distribution, avec un message d’espoir et de soutien pour les enfants victimes de harcèlement scolaire. Avec 71 597 entrées, l’adaptation du roman du même nom de l’écrivaine Mizuki TSUJIMURA publié en 2017 réalise un beau score malgré tout.

Et le retour de Detective Conan

Au Japon, Detective Conan a droit à son film annuel depuis 1997 et Le Gratte-Ciel infernal. En France, le distributeur indépendant Eurozoom a réussi à négocier avec le studio TMS pour satisfaire les fans français du détective créé par Gôshô AOYAMA en tentant de relancer l’exploitation de la licence dans l’Hexagone avec The Scarlet Bullet en 2021. Le 24e film et premier à sortir au cinéma en France réalise un timide score de 24 000 entrées. Dans un entretien réalisé par DC’s Universe, Amel Lacombe, fondatrice et dirigeante d’Eurozoom, donne de précieuses informations sur la venue de la franchise dans nos salles obscures. Elle parle malheureusement de « trous financiers, pas du tout des succès« .

L’année suivante, en 2022, Eurozoom investit beaucoup sur La fiancée de Shibuya avec des avant-premières en même temps que la sortie japonaise. Le nombre d’entrées augmente à un peu plus de 33 000 entrées mais ce n’est pas encore suffisant pour obtenir un retour sur investissement, comme l’explique Eurozoom. Le sous-marin noir, le 26e film de la franchise, atteint presque la barre des 30 000 entrées. Le 19 juin 2024 sortira L’étoile à un million de dollars. Sera-t-il le 27e et dernier film Detective Conan au cinéma en France ? Une chose est sûre : les fans de la franchise devront se mobiliser (beaucoup plus) pour inverser la tendance !

©2023 Gosho Aoyama / Detective Conan Committee

Le flop des Chevaliers du Zodiaque

Avec seulement 56 833 entrées en France contre 247 681 en 2015 pour le film précédent La Légende du Sanctuaire, le film réalisé par Tomasz Baginski n’a pas du tout fait exploser son cosmos ! Les fans de Saint Seiya avaient de quoi s’inquiéter quand on pense aux nombreuses adaptations en prise de vues réelles ratées de mangas. Citons le cas d’école, le pire massacre possible : Dragonball Evolution. L’œuvre culte de Masami KURUMADA ne méritait pas ce naufrage et un conseil : oubliez ce film ! L’adaptation Netflix, c’est non aussi, au passage !

Bande-annonce du film Les Chevaliers du Zodiaque de Tomasz Baginski

The First Slam Dunk, loin du succès rencontré au Japon

Avec 54 000 entrées, The First Slam Dunk est en milieu de classement mais loin du succès que le film a connu en Chine, au Japon et en Corée du Sud. Avec 263 millions de dollars de recettes dans le monde, il s’agit du 5e film d’animation japonais le plus rentable de tous les temps au box-office international. Si Slam Dunk est un classique du manga de sport, il est clair qu’en France, la série n’a pas le même aura que Dragon Ball, One Piece et Demon Slayer par exemple. A l’origine, le manga de Takehiko INOUE, qui se fera également connaître ensuite avec Vagabond ou Real, est paru de 1990 à 1996 dans le Weekly shônen Jump.

Slam Dunk narre la trajectoire de l’équipe de basket du lycée de Shôhoku, en se concentrant notamment sur le personnage de Hanamichi Sakuragi, un voyou qui décide de rentrer dans l’équipe du lycée dans le but avoué de plaire à la coach, également petite sœur du capitaine. Contrairement au manga dont le personnage principal est l’imprévisible Hanamichi Sakuragi, le film met Ryôta Miyagi au centre du récit, lui qui était plus en retrait dans l’œuvre originale, tout en développant par moment les autres joueurs de l’équipe.

La barre des 10 000 entrées dépassée

Professeur Yamamoto part à la retraite passe la barre des 15 000 entrées mais 5 autres films japonais se retrouvent en-dessous en 2023. Kazuhiro SODA est un documentariste prolifique et une voix singulière dans le paysage audiovisuel japonais auréolé de deux prix, la Montgolfière d’Or au Festival des Trois Continents et le Prix œcuménique au Festival de Berlin. On vous encourage à vous procurer le DVD si vous avez rater la sortie au cinéma en janvier 2023.

©2019 Laboratory X, Inc.

La Maison des égarées, second long-métrage de Shinya KAWATSURA aurait mérité plus que son score de 11 529 entrées. Tout en douceur avec son mélange de quotidien japonais, le spectateur, enfant comme adolescent, pouvait facilement s’identifier à Yui ou Hiyori.

Synopsis : Se retrouver et renouer le contact avec le monde et ceux qui l’habitent. Deux jeunes filles se retrouvent séparées de leur famille à la suite d’un cataclysme. Elles qui ne se connaissaient pas, se retrouvent perdues et sans toit. Elles rencontrent une vieille dame qui offre de les recueillir dans sa maison à l’écart du village. Cette opportunité de repartir à zéro est d’un grand soulagement, jusqu’au jour où d’étranges phénomènes commencent à apparaître…

Un bas de classement sous les 10 000 entrées

Love Life de Kôji FUKADA a rencontré un beau succès en dépassant la barre des 100 000 entrées. Le distributeur Art House a distribué aussi en 2023 le premier film du réalisateur : mais La comédie humaine n’a attiré que 9 200 spectateurs, malheureusement. Le premier film d’animation de la réalisatrice Ishizuka ATSUKO, Goodbye, méritait mieux que son petit score de 8 152 entrées. On ne pensait pas que le premier film de Pierre Földes, Saules aveugles, femmes endormies, adaptation libre de nouvelles de Haruki MURAKAMI allait aussi peu rencontrer son public : seulement 7 400 spectateurs. Le drame N’oublie pas les fleurs, le premier film de Genki KAWAMURA, adapté de son propre roman éponyme dépasse la barre des 5 000 entrées. Yamabuki de Yamasaki JUICHIRO, un drame lui aussi, est lanterne rouge avec 2 770 entrées.

Les meilleurs films de l’année selon l’équipe et la communauté JDJ

L’année dernière, l’équipe avait voté pour les meilleurs films de 2022. Pour ce bilan, nous avons demandé à la communauté quels sont les films de l’année parmi les nombreux films japonais qui ont été projetés dans nos salles de cinéma en 2023. Voici donc les long-métrages qui ont récolté le plus de votes dans la communauté Journal du Japon ainsi que dans l’équipe JDJ.

CatégorieSelon les votes de l’équipeSelon les votes de la communauté JDJ
Meilleur film d’animation
Meilleur film en prise de vues réelles
Meilleur film de franchise
Meilleur film 2023
Meilleur distributeur de films japonaisEurozoom LogoEurozoom Logo

La fréquentation des salles obscures en France a presque retrouvé son niveau d’avant Covid-19. 2023 a été marquée par Super Mario. Bros le film, le nouveau (et dernier) MIYAZAKI Le Garçon et le Héron ainsi que Suzume clôturant parfaitement bien le triptyque de Makoto SHINKAI. Du côté des films en prise de vues réelles, citons comme succès commerciaux : Perfect days, La famille Asada et le biopic Hokusai. La concurrence est rude et difficile de se faire une place pour des films comme The First Slam Dunk et Detective Conan : le sous-marin noir qui auraient mérité de meilleurs scores et où les records au Japon ne font clairement pas les entrées en France. Rendez-vous à nouveau dans les salles obscures en 2024, pour savourer encore plus de cinéma japonais ! N’hésitez pas à laisser un commentaire et partager avec nous quels sont les films que vous attendez le plus cette année.

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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